France

Fitch dégrade la France au niveau des simples A.

Fitch a abaissé la note souveraine de la France, la plaçant à A+ et rétrogradant le pays dans le club des simples A pour sa dette publique. Selon Fitch, il est improbable de ramener le déficit public sous 3 % du PIB en 2029 comme l’ambitionnait le gouvernement sortant.


La mauvaise notation était anticipée, mais elle survient dans un contexte particulièrement délicat pour la France, marqué par la chute du gouvernement Bayrou, la nomination de Sébastien Lecornu et les manifestations liées au mouvement « Bloquons tout ». Depuis vendredi soir, le pays a donc été rétrogradé au sein du club des notations A pour sa dette publique.

En abaissant la note souveraine à A+, Fitch a donc réduit cette évaluation. Ouvrant la saison des revues d’automne des agences de notation, Fitch dresse un bilan sévère de la situation des finances publiques de la deuxième économie de la zone euro.

**Premières réactions politiques**

Soulignant la « fragmentation et la polarisation croissante » de la politique, l’agence estime que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ». Elle considère ainsi peu probable de faire passer le déficit public en dessous de 3 % du PIB d’ici 2029, comme l’ambitionnait le gouvernement sortant pour remettre la France en conformité avec les règles européennes.

Les réactions politiques ont été rapides. Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a déclaré prendre « acte ». Pour François Bayrou, qui a souvent dénoncé la colossale dette française, « un pays que ses « élites » conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix ». À l’inverse, Éric Coquerel, président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, considère cette dégradation comme le résultat « de deux mois (d’)un discours catastrophiste sur la situation financière du pays ».

**Le spectre d’une hausse des taux**

Nommé mardi à Matignon, Sébastien Lecornu est engagé dans une course contre la montre pour présenter un budget 2026 qui puisse éviter la censure des oppositions, en particulier celle du PS, qui demande un retour sur la réforme des retraites et l’instauration d’une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines. Il a également commencé à consulter les partenaires sociaux dans un climat social tendu, avec une journée intersyndicale de mobilisation prévue le 18 septembre. Toutefois, selon Fitch, ces discussions sur le budget 2026 pourraient réduire l’ampleur de l’effort budgétaire, initialement fixé à 44 milliards d’euros par François Bayrou. Cela compromettrait l’objectif d’un déficit projeté à 4,6 % l’an prochain : l’agence de notation prévoit qu’il reste supérieur à 5 % en 2026 et 2027.

La dégradation de la note, qui évalue la capacité de la France à rembourser sa dette, constitue un tournant, même si elle devrait avoir peu de conséquences immédiates pour Paris. En attribuant l’équivalent d’un 16/20, Fitch fait passer la France dans la catégorie inférieure, celle de qualité « moyenne supérieure », contre « bonne ou haute » jusqu’ici. Cela pourrait inciter des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués, ce qui entraînerait des hausses de taux. Cela alourdirait d’autant plus les intérêts que la France doit payer pour rembourser sa dette, estimés à environ 55 milliards d’euros en 2025.