Finales NBA OKC – Indiana : Pourquoi la triomphale reconstruction du Thunder grâce à Sam Presti fera date
Encore inconnu du grand public américain il y a quelques mois, le nom de Sam Presti est devenu un véritable running gag sur les réseaux sociaux. Dès qu’un gamin taquine la balle dans un gymnase du pays, on imagine le manager général du Thunder être déjà bien au fait en raison de son armée de scouts. Car ce dirigeant de 47 ans est perçu comme l’homme clé de l’incroyable ascension d’Oklahoma City au sommet de la NBA, alors que le premier match des finales contre les Indiana Pacers aura lieu dans la nuit de jeudi à vendredi (2h30).
Oui, plus encore que l’arrière canadien Shai Gilgeous-Alexander, devenu à 26 ans le nouveau MVP de la plus grande ligue de basket au monde. Et pour cause, c’est bien Sam Presti qui est derrière ce qui est devenu LE trade du siècle, point de départ en 2019 de ce nouveau projet du Thunder en passe d’aboutir au premier titre NBA dans l’histoire de la franchise depuis qu’elle a pris la suite des Seattle Supersonics en 2008.

La venue de « SGA » initiée dès 2007
All-star reconnu à 29 ans mais trop peu décisif en play-offs, Paul George demandait son départ d’OKC durant l’intersaison 2019-2020. Sam Presti a accepté de le transférer aux L.A. Clippers, en échange d’un sacré package. A savoir le solide ailier italien Danilo Gallinari, cinq premiers tours de Draft des Clippers de 2021 à 2026, et surtout un prometteur Shai Gilgeous-Alexander, qui sortait d’une série de play-offs contre les Warriors à 13,7 points de moyenne dès son année rookie.
Mieux encore, ce que réalise Sam Presti (digitateur) est en fait le fantasme de tout « GM » de sport US en herbe biberonné devant Brad Pitt et Le Stratège. A savoir créer un fil rouge entre un premier choix osé en tant que dirigeant, se séparer en 2007 de l’ailier all-star Rashard Lewis (époque Supersonics), et la venue du MVP 2025.
En clair, le départ de Lewis a permis d’obtenir deux premiers tours de Draft, dont l’un est devenu en 2008 le bondissant intérieur Serge Ibaka (seulement 24e choix). L’international espagnol a ensuite été échangé en 2016 à Orlando contre Victor Oladipo et le Lituanien Domantas Sabonis. Puis un an plus tard, ces deux derniers ont servi de monnaie d’échange pour attirer Paul George (Indiana). Jusqu’au divin casse de 2019 pour « SGA ».

Les deux stars d’OKC transférées le même été
Ce coup de génie en cinq bandes, de 2007 à 2019, a permis à Sam Presti de recevoir en mai son premier trophée de meilleur dirigeant NBA. Car son Thunder est le plus jeune effectif de la ligue (25,33 ans de moyenne) à se hisser en finale depuis 1977, après avoir signé la cinquième meilleure performance collective de l’histoire en saison régulière (68 victoires-14 défaites). Seulement trois ans après avoir fait partie des cancres en NBA, avec 58 défaites en 82 matchs.
« On doit tout replanifier après onze années à maintenir l’équipe compétitive en play-offs. Je ne peux pas vous dire quand notre process sera payant », expliquait alors le dirigeant. Durant l’été 2020, il se fait un sacré kif, avec 11 échanges de joueurs réalisés, impliquant au total 15 franchises NBA. Un record absolu dans une ligue qui ne manque pas d’amateurs de chamboule-tout dans les effectifs.
Daigneault et Caruso, de la G-League à la finale NBA
Sam Presti peut également se régaler côté scouting universitaire puisqu’il dispose de huit premiers tours de Draft à fructifier lors des sept saisons suivantes, auxquels il faut ajouter des hauts choix liés au mauvais classement d’OKC en 2021 et 2022, années de reconstruction. C’est comme ça que Chet Holmgren (choix numéro 2) et Jalen Williams (numéro 12), les deux principaux lieutenants de Shai Gilgeous-Alexander aujourd’hui, déboulent dans l’effectif en 2022.
Et le flair de Sam Presti fera le reste concernant Lu Dort (non drafté et signé libre en 2019), à présent reconnu parmi les meilleurs pittbulls défensifs de NBA, Aaron Wiggins (55e choix de la Draft 2021), Jaylin Williams (34e choix de la Draft 2022), et les venues plus récentes des précieux Isaiah Hartenstein et Alex Caruso. Autant de seconds couteaux supposés ayant connu un développement bluffant. Comme pour le coach Mark Daigneault, en poste depuis 2020.

Durant, Westbrook et Harden draftés de 2007 à 2009
Ce faiseur de miracles qu’est Sam Presti, sorte d’anti-Nico Harrison en 2025, expliquait sobrement son métier, lors d’une conférence de presse donnée il y a un an : « J’adore observer les joueurs. Ça me fascine de suivre leur développement et de les voir atteindre leurs objectifs ». Cette capacité à sélectionner des pépites à la Draft n’est pas nouvelle pour lui, puisque à une autre époque, il avait inscrit coup sur coup à son tableau de chasse Kevin Durant (2007), Russell Westbrook (2008) et James Harden (2009). Ce trio de superstars en puissance symbolise à la fois la réussite et l’échec de Sam Presti lors de sa première partie de carrière à OKC.
Car échanger en 2012 pour presque rien un James Harden de 22 ans, tout juste élu meilleur sixième homme d’une saison conclue en finales NBA, reste une bourde. La perspective de dynastie du Thunder, avec dans ses rangs trois MVP des années 2010 va se conclure par un fiasco : aucun titre, une seule finale (1-4 contre Miami), et le tumultueux départ de Kevin Durant vers Golden State en 2016. Comme si l’actuelle version « SGA » /prospects du projet OKC correspondait bien mieux à Sam Presti qu’un énième Big Three de stars.

« Il est brillant et fantastique »
Une forme de panache qu’évoquait l’ancien légendaire entraîneur des Spurs Gregg Popovich, qui disait de lui en 2023 : « Sammy est pour nous un emmerdeur, il a bâti une organisation de haut niveau que tout le monde en NBA devrait imiter. Il est brillant et fantastique, j’ai su ça dès le premier jour à ses côtés ».
Notre dossier sur la NBA
Car avant le projet Supersonics-Thunder, Sam Presti œuvrait au scouting à San Antonio. A 25 ans, celui-ci avait par exemple bataillé en 2001, aux prémices d’Internet, pour obtenir le plus d’images de matchs possibles d’un joueur qu’il voulait à tout prix voir être choisi par ses dirigeants. Il s’agissait d’un certain Tony Parker.

