Fête de l’Huma 2025 : Aller en étant de droite, possible ?
Chaque année, la Fête de l’Humanité attire des dizaines de milliers de visiteurs, organisée par le quotidien communiste L’Humanité. Michel Fize précise que « C’est un lieu festif, d’échange, d’ouverture, tous horizons politiques et toutes jeunesses confondues ».
Le seul endroit où l’on apprécie les « red flags ». Chaque année, la Fête de l’Humanité attire des dizaines de milliers de visiteurs. Organisée par le quotidien communiste *L’Humanité*, elle demeure un événement politique majeur pour la gauche. Cependant, entre concerts géants, stands de gastronomie régionale et ambiance populaire, ce rendez-vous séduit également un public bien au-delà des frontières militantes. Cela amène à se demander si la mixité pourrait s’étendre jusqu’aux partisans de droite.
Pour Salomé*, sa première visite à la Fête de l’Huma a nécessité un certain temps de réflexion, principalement en raison de son aspect politique. « J’ai mis beaucoup de temps à me décider, justement à cause du côté politique, mais tous mes potes y vont », raconte-t-elle. Elle ne s’identifie pas au parti communiste ni à la « radicalité », et confie que ses proches étaient sceptiques quant à sa présence, mais elle est tout de même curieuse de découvrir l’ambiance par elle-même. « Je ne suis pas du tout communiste, et je ne me reconnais pas dans les discours des stands politiques. Mais je viens pour les concerts et pour l’ambiance conviviale », ajoute Claire*. « C’est un peu comme un grand festival populaire, et ça serait dommage de s’en priver juste pour des raisons d’étiquette politique. »
« C’est un lieu festif, il ne faut pas montrer sa carte du parti. » Sur place, au Plessis-Pâté (Essonne), la dimension politique de l’événement est difficile à ignorer, avec ses allées de stands de toutes les sections du parti communiste. Cependant, l’accès n’est en aucun cas réservé aux adhérents. « Ce serait comme dire que les établissements privés catholiques n’admettent que des catholiques », compare Michel Fize, sociologue et politologue. Selon lui, il ne faut pas perdre de vue le mot « Fête » dans le titre, même si l’événement a toujours l’objectif de faire connaître la philosophie communiste. « C’est un lieu festif, d’échange, d’ouverture, tous horizons politiques et toutes jeunesses confondues », complète Michel Fize. « Il ne faut pas montrer sa carte du parti communiste. Au fil des ans, la Fête de l’Huma s’est « laïcisée ». Aujourd’hui, c’est une institution symbolique comme la Foire du trône, un moment qui jalonne une vie sociale. »
Que pensent les habitués de la Fête de l’Huma ? « Honnêtement, si des gens de droite viennent pour les concerts, tant mieux. Ça montre que la fête reste un lieu de rencontre populaire, pas une réunion fermée. Après, s’ils viennent uniquement consommer et ne s’intéressent pas du tout au message politique, c’est un peu dommage », estime Nadia*, militante associative. Cette ouverture s’inscrit également dans l’évolution du parti communiste. « Robert Hue l’avait déjà « dé-communisé », Fabien Roussel a, lui, remédiatisé le PCF. Il plaide en faveur d’une ouverture des murs », analyse Michel Fize. Par ailleurs, les jeunes n’adhèrent plus au clivage gauche-droite, mais plutôt à des contenus ou des programmes spécifiques.
Preuve de cette ouverture : la liste des invités, qui s’élargit à d’autres champs politiques. « L’événement a accueilli la présence de personnalités de droite, des artistes comme Johnny Hallyday ou Mireille Matthieu », note Michel Fize. En ce qui concerne les personnalités politiques, Edouard Philippe, par exemple, a participé à des tables rondes ou des conférences.
La Fête de l’Huma accueille donc des personnes de tous horizons (sans jeu de mots avec Edouard Philippe). Toutefois, il est à noter que les personnes interrogées ne sont pas non plus des militants d’extrême droite. Salomé* se considère « entre le centre gauche et le centre-droit, plutôt Macron 2017 », tandis que Claire* ne vote pas mais « partage des valeurs de respect et de tolérance ». On a cependant trouvé un participant clairement de droite : Patrick Martin, président du Medef. Pour la deuxième année consécutive, le patron des patrons a animé une table ronde, tentant de prendre la parole dans un environnement qui n’est pas franchement acquis à sa cause, tout en étant accueilli par des huées.
Face à lui, le sénateur PCF et directeur du journal *L’Humanité*, Fabien Gay, recadre les plus véhéments du public. Il a lui-même participé à la défense de la gauche lors d’un événement à l’université du Medef. Même si l’assemblée a semblé peu convaincue par Patrick Martin, ce dernier a trouvé quelques points d’accord : le constat d’une crise politique et l’envie de défendre le modèle français. Et peut-être, qui sait, un amour partagé pour la bonne *street food* proposée sur les stands du PCF. La nourriture, ça rassemble toujours.

