France

Festival de Gérardmer : Kim Jee-woon, réalisateur de « J’ai rencontré le Diable » a de plus en plus peur au cinéma

Kim Jee-woon s’y connaît en cinéma choc et il est un fidèle du Festival de Gérardmer avec ses prix pour 2 sœurs en 2004 et J’ai rencontré le Diable en 2011 puis une récompense pour l’ensemble de sa carrière en 2014. Le réalisateur sud-coréen a donné une masterclass ce samedi devant un public enthousiaste.

« Je suis venu en personne pour la première fois à Gérardmer en 2014, se souvient-il pour 20 Minutes. Mais mon prix s’est cassé dans ma valise au retour. Il ressemblait alors à un vrai trophée de festival de films d’horreur et le festival a eu la gentillesse de m’en envoyer un autre. » Le réalisateur a quitté la postproduction de son nouveau film Cobweb, comédie noire sur un réalisateur mégalomane, pour venir célébrer la 30e édition du Festival.

L’angoisse des relations humaines

« C’est drôle, j’ai de plus en plus peur au cinéma », confie-t-il. « Je supporte de plus en plus mal la violence à l’écran comme celle que j’ai pu montrer dans mes films. » Et d’évoquer le tendon d’Achille tranché dans J’ai rencontré le Diable : « L’équipe des effets spéciaux avait fait un travail remarquable, au point que cette scène me fait mal quand je la regarde alors que je l’ai dirigée, » avoue-t-il. L’Exorciste de William Friedkin, vu à l’adolescence, l’a aussi beaucoup marqué. « La scène qui a inspiré l’affiche avec le brouillard, la lumière et la silhouette du prêtre me hante », dit-il. « Je cherche à retrouver la même atmosphère dans mes films. »

Pour autant, le cinéma d’horreur a presque disparu des écrans coréens. « Il n’y en a plus vraiment en Corée car l’angoisse est intense dans la vraie vie entre le chômage et l’inflation », explique Kim Jee-woon. « En revanche, les Occidentaux ressentent plus la menace de la Corée du Sud que nous. » Le réalisateur avoue que ce sont les gens qui nourrissent ses angoisses.  « En fait, ce qui me fait le plus peur, ce sont les relations entre les êtres humains », reconnait-il. « Ce sont elles que j’essaye d’exorciser dans mes films. » Et de conclure dans un sourire : « J’aime les interviews parce qu’elles me permettent de réfléchir sur mon travail et sur moi-même : elles sont comme une forme de thérapie. »

On espère pouvoir poursuivre le traitement au Festival de Cannes car son dernier film, Cobweb, sera prêt à point nommé pour être montré sur la Croisette en mai prochain.