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Festival de Cannes 2025 : « En pleurant dans le film, j’ai appris à pleurer dans ma vie » confie Sergi López

Dire que la performance de Sergi López dans Sirāt d’Óliver Laxe, présenté en compétition au Festival de Cannes, est bluffante est dessous de la vérité. Le comédien fait son grand retour dans ce film étonnant où il part à la recherche de sa fille disparue en compagnie de son jeune fils et de leur chienne. Cette quête va les mener dans le désert marocain en compagnie d’une bande de marginaux sympathiques.

« C’est dur de parler de ce film sans gâcher la surprise du spectateur », confie Sergi López à 20 Minutes. On est d’accord avec lui car ce trip hypnotique envoûte jusqu’à une série d’évènements aussi inattendus que traumatisant. « Mon personnage vit une chose atroce, dit le comédien. Heureusement que je ne fais pas partie des acteurs qui ont besoin de vivre vraiment ce qu’ils interprètent car j’en serai sorti brisé. Je n’ai pas besoin de penser à ma vie pour jouer. Heureusement, parce que sinon, je n’aurais pas pu non plus incarner un fasciste qui tue les enfants dans Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro. ».

Mais comment fait-il ?

On se demande vraiment comment Sergi López parvient à une telle intensité de jeu « Pour être franc, c’est un mystère aussi pour moi, admet-il. il y a une scène avec un événement tragique où on doit confronter une douleur extrême. Je suis incapable de dire comment je suis parvenu à rendre ça ». Et pourtant, on vit les émotions en même temps qu’un héros que le réalisateur ne ménage pas. « Au début, j’avais beaucoup de mal à pleurer dans le film, se souvient Sergi López. Parce que je ne pleurais pas dans ma vie. En pleurant dans le film, j’ai appris à pleurer dans ma vie. Et c’est incroyable ».

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L’expérience n’a cependant pas été indolore pour l’acteur. « Quand je joue cet homme, je ne souffre pas, je joue, explique-t-il. Mais c’est vrai qu’après, quand ça coupe, des fois, il y a comme une résonance dans son corps. On entend « coupez » et on se rend compte qu’on est épuisé physiquement ».

Et la Palm Dog ?

Sergi López s’est laissé emporter par le scénario comme s’il était le premier spectateur du film. « J’y ai vu une incroyable aventure même si je n’avais pas la musique qui a une importance capitale pour entrer dans l’histoire ». De scènes de rave à la traversée du désert, la techno fait partie intégrante de l’expérience. Le comédien ne veut pas penser à un prix d’interprétation. « Je suis venu dix fois à Canne, plaisante-t-il. A chaque coup, on me prédisait une récompense et je repartais sans rien. » Il espère que le jury de la Palm Dog, décernant le prix de la meilleure performance canine du festival, distinguera Pipa, la chienne du film. Nous, on aimerait qu’ils soient récompensés tous les deux !