France

Festival d’Angoulême 2025 : Des nazis d’hier et d’aujourd’hui… Luz remporte le Fauve d’or avec « Deux filles nues »

«Je voulais faire un bouquin d’histoire et j’ai fait un bouquin d’actualité… » Luz a remporté le Fauve d’or 2025 au festival de la BD d’Angoulême, samedi soir, pour Deux filles nues. L’album raconte la montée du nazisme du point de vue d’un tableau spolié.

« J’ai commencé à devenir dessinateur de BD il y a dix ans », a expliqué Luz en recevant son prix. Il faisait allusion à l’attentat qui a décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dont il faisait partie : « Il n’y avait plus que ça à faire ».

« Je voulais raconter l’histoire d’un tableau qui a vu des histoires tragiques, notamment la montée de l’extrême droite », a-t-il déclaré en établissant un parallèle avec l’époque actuelle.

L’histoire d’un tableau, et un tableau de l’histoire

Le jury présidé par la metteure en scène et comédienne Zabou Breitman a choisi cet album parmi 44 en compétition pour cette récompense. Dans Deux filles nues, Luz, 53 ans, retrace l’histoire vraie d’un tableau peint en 1919 par l’expressionniste allemand Otto Mueller (1874-1930), spolié à un collectionneur juif par les nazis avant d’être restitué après-guerre à ses descendants.

Il fait de ce tableau le personnage principal de l’album devant lequel se déploient les affres de la création artistique, les persécutions antisémites et l’offensive du régime nazi contre ce qu’il considérait comme « l’art dégénéré ».

Un palmarès pointu

Mercredi, le grand prix du festival a été décerné à la Française Anouk Ricard, dessinatrice de l’absurde, pour l’ensemble de son œuvre décalée.

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A l’image de ce Grand prix et du Fauve d’or remis à Luz, le palmarès honore des œuvres au style résolument BD, voire léger, mais au propos très pointu. C’est le cas des deux albums ex aequo pour le Fauve spécial du jury : Les Météores, Histoires de ceux qui ne font que passer, de Tommy Redolfi et Jean-Christophe Deveney, et En territoire ennemi, de Carole Lobel. Le Fauve de la série revient à Dementia 21, de Shintaro Kago, une BD japonaise au ton décalé et étonnant.