France

Faut-il faire payer aux imprudents le coût de leur sauvetage ?

«La vie humaine n’a pas de prix, mais le sauvetage a un coût. » Dans sa campagne lancée l’an dernier, la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) rappelle l’importance des dons pour que ses 11.000 bénévoles puissent assurer leur mission tout au long de l’année, de jour comme de nuit et par tous les temps. Chaque année, plus de 30.000 personnes sont secourues par ces héros des mers au large et sur les plages.

Comme ces huit imprudents bloqués par la marée qui ont passé la nuit sur une crique de Plouha (Côtes-d’Armor) avant d’être récupérés tôt dimanche matin par les secouristes de la SNSM et les pompiers. Une intervention qui a rendu fou Xavier Compain, le maire de la commune bretonne. Invité ce mercredi matin de BFM, l’élu pointe du doigt l’imprudence de certains vacanciers ou même de certains locaux qui partent se balader ou pêcher à pied sans se soucier des horaires en marées.

« C’est la collectivité qui en supporte le coût »

En mer, les secouristes constatent aussi une recrudescence des comportements imprudents. « La pratique du yachting s’est démocratisée et on voit de plus en plus de plaisanciers qui ne maîtrisent ou ne respectent pas les règles de base quand ils sortent en mer, indique Guy Plotton, patron de la station SNSM du Havre. On en voit qui ne portent pas le gilet de sauvetage, qui ne savent pas déclencher une fusée de détresse ou utiliser une radio VHS ou qui partent en maillot de bain alors que les conditions météorologiques peuvent vite changer, surtout dans la Manche. »

De l’inconscience qui aboutit trop souvent à des interventions évitables. Et à chaque fois gratuites pour les personnes secourues, le sauvetage de toute personne en danger étant obligatoire et gratuit en France, même pour les imprudents. « C’est la collectivité qui en supporte le coût », souligne Guy Plotton. Car sauver des vies n’est bien évidemment pas gratuit. « Un hélicoptère de la gendarmerie, c’est 6.000 euros de l’heure et 600 euros pour un canot de la SNSM », précise le maire de Plouha à nos confrères.

A Etretat, les imprudents doivent régler la facture

Si l’État finance une grande partie des secours en mer, la charge financière en revient aussi aux communes quand les interventions ont lieu sur le littoral. D’où l’idée évoquée par certains maires de faire payer la note aux promeneurs négligents. A Étretat (Seine-Maritime), où des personnes se font régulièrement piéger aux abords des célèbres falaises, le maire a déjà décidé de sévir au printemps en faisant payer au minimum 785 euros aux personnes ayant mobilisé des secours à des endroits interdits.

Fatigué des sauvetages à répétition sur sa commune, le maire de Berck-sur-mer (Pas-de-Calais) réfléchit également à en faire de même et réclame une évolution de la loi. « Actuellement, il n’y a pas de base légale qui permette de verbaliser ce genre de comportement, a-t-il indiqué il y a quelques jours à nos confrères de France 3 Hauts-de-France. Il faut absolument qu’il y ait un travail parlementaire qui soit fait pour voir dans quelles conditions on peut effectivement pénaliser ceux qui délibérément, se mettent dans cette situation. »

Des règles différentes en montagne

En montagne, où les secours sont également régulièrement sollicités, les règles sont un peu différentes. Comme en mer, la gratuité des secours s’applique, mais seulement en dehors du domaine skiable. Si la personne se trouve sur une piste ou hors-piste, les interventions de secours sont alors payantes si elles nécessitent une médicalisation avec un tarif qui est fixé par chaque commune. Selon le site Mon séjour en montagne, une intervention coûte en moyenne entre 300 et 500 euros et peut même coûter un millier d’euros en hors-piste et plusieurs milliers d’euros si un hélicoptère est mobilisé.

« C’est une manière de sensibiliser les gens pour qu’ils soient plus raisonnables », estime Guy Plotton, rappelant toutefois que « le sauvetage en mer est gratuit à la différence du remorquage. » En cas de panne ou d’avarie sur un bateau, le propriétaire devra ainsi payer entre 150 et 700 euros de l’heure à la SNSM en fonction de la taille du bateau et celle du remorqueur.