Face à l’augmentation du prix du pass Navigo, certains usagers songent « à frauder »

Anaïs, 29 ans, vit et travaille en Seine-Saint-Denis. « Par habitude, mais également par soucis d’économie et d’écologie, je fais le trajet pour me rendre à mon travail en transport en commun bien que cela soit bien plus pénible et long que de prendre ma voiture », raconte la jeune femme. En effet, elle habite à 7 kilomètres de son travail, ce qui représente une vingtaine de minutes en voiture, contre 35 minutes à une heure en transports en commun. Si l’augmentation du tarif du pass Navigo est effective, elle a déjà pris sa décision. « J’arrêterai mon abonnement Navigo annuel car clairement, pour moi, il ne sera plus rentable », explique Anaïs.

Elle n’est pas la seule dans ce cas. « Comment donner envie aux gens de moins prendre leurs véhicules thermiques, si l’on augmente le prix des transports en commun, le tout sans en améliorer le service ? », s’interroge Laura, 31 ans, qui a également prévu d’abandonner le métro et de reprendre sa voiture.

Une amende moins chère que le pass

Les habitants de Paris intra-muros, quant à eux, envisagent davantage le vélo ou… la fraude. « Je vais peut-être me mettre à frauder, moi aussi, et payer une amende de temps en temps… Ça me coûtera peut-être moins cher que les 1.000 euros par an dans un pass », explique un témoin, sous couvert d’anonymat. Un choix contraint pour la majorité d’entre eux. « Cette hausse de 15 euros, c’est trop. Ça va faire 180 euros par an de plus, combiné à la hausse du prix de l’électricité et du coût de la vie, ce n’est juste plus possible pour mon budget », regrette un usager de 26 ans, qui va se mettre, lui aussi, à sauter par-dessus les portiques.

De son côté, Chayma, habitante du 17e arrondissement parisien, va se mettre au vélo pour se rendre dans son école à Suresnes (Hauts-de-Seine), mais non sans appréhension… « J’avais prévu de prendre les transports en mélangeant RER et bus, mais maintenant, c’est sûr que je vais prendre un vélo et passer par le bois de Boulogne, en espérant ne pas me faire violer à 7 heures du matin », confie l’étudiante de 28 ans.

Rester à la maison

D’autres regardent les forfaits à la carte et envisagent de réduire drastiquement leurs déplacements. Au chômage, Anne, 61 ans, ne peut pas se faire rembourser la moitié de son abonnement aux transports par son employeur. « Je vais rester à la maison, j’achèterai une carte de 10 tickets que j’essaierai de faire durer le plus longtemps possible. Je ne prendrai le métro ou le bus que si j’y suis obligée, par exemple pour me rendre à un entretien d’embauche », explique-t-elle.

Tous les usagers de la RATP qui ont répondu à notre questionnaire sont d’accord sur un point : cette augmentation pourrait se justifier si la qualité du service était au rendez-vous, ce qui n’est pas le cas. « On devrait s’attendre à une ponctualité, à de la propreté et à plus de bus et de métros mais non. Ça pue les égouts, on est cloîtrés comme des sardines et on nous demande de payer 90 euros par mois ! », s’emporte Chayma.

Cette augmentation du tarif du pass pousserait même certains Franciliens à… quitter la capitale. « Après avoir été repoussée de Paris 20e à la petite couronne, puis jusqu’au fin fond de la banlieue, zone 5 du Navigo, j’ai compris que mes seules options de survie à peu près durables et supportables se situaient forcément hors de la région capitale », nous écrit Nathalie. Une décision radicale, qui n’est pas uniquement due à l’augmentation du tarif du pass.