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« Etre une icône de la culture populaire peut parfois être une malédiction », selon Pamela Anderson

Elle est impressionnante Pamela Anderson dans The Last Showgirl de Gia Coppola. Elle incarne y une danseuse qui a passé trente années de sa vie dans un cabaret de Las Vegas et qui se retrouve fort dépourvue lorsque son spectacle est annulé et qu’elle doit retrouver du boulot. Un personnage intense que la comédienne de 57 printemps embrasse sans fard.

Envolée la bimbo d’Alerte à Malibu et de Barb Wire, c’est une femme naturelle et marquée par la vie qui apparaît à l’écran entre Jamie Lee Curtis et Dave Bautista, également remarquables. Il y a un petit côté The Wrestler dans la façon dont la réalisatrice replace une actrice un peu oubliée sur le devant de la scène comme Darren Aronofsky l’avait fait pour Mickey Rourke. Pamela Anderson est aussi émouvante dans le film que dans la vie quand elle est venue à Paris pour parler de ce rôle écrasant.

Qu’avez-vous apporté à ce personnage ?

Elle a bénéficié de l’expérience de ma vie tout entière, mais ce n’est pas vraiment moi. Nous n’avons pas fait les mêmes choix, mais je connais beaucoup de gens qui lui ressemblent, qui ont vu leur travail disparaître du jour au lendemain et se sont retrouvés sans le sou. Les artistes ne pensent pas souvent à l’argent et ne sont pas syndiqués. Quand on leur enlève leur travail, ils perdent leur gagne-pain mais c’est aussi un peu comme si on leur arrachait les entrailles car ils sont profondément investis. Heureusement, ils savent souvent se réinventer bien que je doive admettre que c’est plus difficile pour les femmes. Ce que montre le film.

Avez-vous déjà considéré votre beauté comme une malédiction ?

Jamais ! C’est vrai qu’être une icône de la culture populaire peut être compliqué. Vous devenez célèbre pour quelque chose et il est ensuite difficile de vous en démarquer. Les gens ont une image de vous qu’ils ne peuvent s’empêcher de projeter sur tout ce que vous faites. C’est compliqué de leur faire admettre que vous pouvez être autre chose et c’est pour cela que ce film a été une surprise pour moi alors que je pensais être arrivée au bout de ma carrière. Je le vois aux questions que les fans me posent. Quand ils ont vu The Last Showgirl, ils me parlent différemment.

Estimez-vous que ce film a changé votre vie ?

J’aurais sans doute été heureuse même si ce scénario n’était pas arrivé, mais je le suis bien plus d’avoir pu le tourner. Je pense qu’il m’a permis de me sentir vraiment comme une véritable actrice alors que, avant, j’avais juste l’impression de faire de mon mieux. Il m’a offert un nouveau commencement, une nouvelle incarnation. J’ai l’impression que des tas d’opportunités s’ouvrent à moi.

Comment voyez-vous votre avenir artistique ?

J’aime l’idée de continuer à surprendre les gens. J’adorerais jouer dans une pièce de Tennessee Williams, La Ménagerie de verre ou Un tramway nommé désir. Je connais bien ces pièces car j’ai toujours aimé lire des ouvrages sérieux. C’était mon secret parce que ça surprenait trop les gens de me voir dévorer des livres… Cela ne correspondait pas à mon image. Je préférai me cacher pour lire plutôt que de répondre aux personnes qui s’étonnaient que j’aie un cerveau.

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Trouvez-vous que le cinéma est plus ouvert aux femmes de nos jours ?

Je ne sais pas trop quoi en penser car je n’aurais pas pu incarner ce rôle quand j’étais plus jeune. En ce sens, j’ai l’impression de pouvoir m’exprimer plus librement aujourd’hui qu’autrefois. Ce film laisse apparaître au naturel un personnage de femme blessée avec ses failles et je suis heureuse d’avoir pu lui donner vie. Les femmes ont de plus en plus voix au chapitre que ce soit devant ou derrière la caméra, et cela est une très bonne chose. J’ai ressenti une incroyable sororité sur ce tournage tant avec Jamie Lee Curtis – que j’étais terrifiée de rencontrer tant elle a une image légendaire de femme forte –, qu’avec les autres actrices. Nous avons créé des liens d’amitié qui prouvent que la solidarité féminine n’est pas un vain mot.