États-Unis : Son soutien à la Palestine lui vaut l’arrestation, une doctorante turque détenue en Louisiane

Elle est étudiante en psychologie à l’université de Tufts aux Etats-Unis. Détentrice d’un visa « en règle », la Turque Rumeysa Ozturk, âgée 30 ans, a été interpellée brutalement mardi soir à Somerville (en banlieue de Boston) par des agents fédéraux en civil, alors qu’elle se rendait à un dîner de rupture du jeûne de Ramadan. Les images de vidéosurveillance, largement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent six agents l’encerclant et l’immobilisant sans badge visible avant de la faire monter dans une grosse voiture.
Son avocat dénonce une arrestation arbitraire, sans chef d’accusation. Selon le Département de la Sécurité intérieure (DHS), Ozturk aurait « soutenu des activités liées au Hamas », sans pour autant que le moindre élément de preuve ne soit présenté publiquement à ce stade. Lors d’un déplacement en Amérique du Sud, le Secrétaire d’État Marco Rubio a justifié la révocation de son visa étudiant en affirmant que ses actions auraient pu « compromettre des intérêts diplomatiques » américains.
Une doctorante en règle et sans antécédent judiciaire
Rumeysa Ozturk, détentrice de la prestigieuse bourse Fulbright et ancienne élève de Columbia University, travaillait sur sa thèse de doctorat à Tufts depuis 2021. En mars 2024, elle avait coécrit une tribune dans la presse étudiante critiquant la position de l’université sur la guerre à Gaza. Sur X (ex-Twitter), son frère estime qu’elle est ciblée pour ses opinions.
Aucune inculpation n’a été annoncée, mais elle a tout de même été transférée en détention par les services d’immigration américaine en Louisiane – loin de ses avocats et de sa famille. Son avocate Mahsa Khanbabai a dénoncé une privation de soins médicaux, notamment pour son asthme. Un juge fédéral a ordonné qu’elle ne soit pas déplacée sans notification préalable, mais le transfert avait déjà eu lieu lorsque la décision est tombée.
Des images « inquiétantes »
L’université Tufts affirme ne pas avoir été informée à l’avance de l’arrestation, et son président a qualifié les images de la scène d’inquiétantes. « Nous comprenons à quel point cette situation est effrayante et éprouvante pour elle, ses proches, et l’ensemble de notre communauté à Tufts, en particulier pour nos étudiants, membres du personnel et enseignants internationaux, qui peuvent se sentir vulnérables ou déstabilisés par ces événements. » Des centaines de personnes ont manifesté mercredi soir sur le campus pour demander sa libération.
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Le gouvernement turc affirme suivre l’affaire de près et assure fournir une assistance juridique. Les arrestations de plusieurs étudiants étrangers critiques de la politique israélienne se multiplient depuis début mars dans le cadre du durcissement migratoire de l’administration Trump.