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Etats-Unis : Santé, météo, espace, environnement… Les licenciements mettent en péril l’avenir de la science

Sous l’administration Trump, les Etats-Unis assistent à une vague sans précédent de suppressions de postes et de restrictions budgétaires dans plusieurs agences scientifiques et environnementales. Le National Institutes of Health (NIH), la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), la NASA et le National Park Service (NPS) enregistrent des licenciements massifs, des fermetures de bureaux et des coupes dans des projets de recherche essentiels.

Cette politique suscite l’indignation des scientifiques, des élus et des défenseurs de l’environnement, inquiets des conséquences pour la santé publique, la prévision météorologique, la recherche spatiale et la préservation du patrimoine naturel.

Santé : départ brutal du généticien Francis Collins

Francis Collins, généticien de renom et ancien directeur du NIH, a annoncé sa démission soudaine, laissant derrière lui un message alarmant, rapporte Science. « L’institution est sous pression et mérite le respect et le soutien de tous les Américains ». Après avoir dirigé le séquençage du génome humain et supervisé le développement rapide du vaccin contre le Covid-19, Francis Collins continuait de diriger un laboratoire au sein du NIH. Son départ intervient alors que l’agence est frappée par une vague de licenciements.

Environ 1.200 employés du NIH ont perdu leur emploi, conséquence des mesures drastiques imposées pour réduire la taille du gouvernement. Une lettre signée par des scientifiques de l’agence et adressée au Congrès alerte sur les risques. « Ces licenciements menacent de porter un coup sévère à la réputation et à la mission du NIH. » L’avenir de la recherche médicale aux Etats-Unis est donc en suspens, alors que ces coupes budgétaires risquent de freiner des avancées scientifiques cruciales, notamment dans la lutte contre le cancer, les maladies infectieuses et les neurosciences.

NOAA : ouragans, météo et biodiversité en danger

La NOAA, l’agence fédérale chargée de la prévision météorologique et de la gestion des océans, subit également de lourdes coupes. L’administration Trump envisage de fermer plusieurs sites essentiels, dont un centre majeur de prévisions à College Park (Maryland). Un contractuel anonyme, craignant des représailles, témoigne sur le site de NPR. « Perdre un centre entier nuirait à notre capacité à prévoir le temps et à protéger vies et biens. »

Quelque 800 employés de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont été licenciés, dont de nombreux météorologues et biologistes marins.
Quelque 800 employés de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont été licenciés, dont de nombreux météorologues et biologistes marins. - T. Williams/SIPA

Déjà, 800 employés de la NOAA ont été licenciés, dont de nombreux météorologues et biologistes marins. Parmi eux, Andy Hazelton, spécialiste des ouragans, travaillait sur les modèles de prévision permettant d’anticiper les tempêtes soudaines et destructrices. « J’ai grandi en Floride, j’ai vécu des ouragans. » L’impact est également notable sur la préservation des écosystèmes marins. Hanna Miller, spécialiste des cétacés, a perdu son emploi malgré son rôle clé dans la protection des orques contre les marées noires. Elle avait participé à une mission en 2022 pour empêcher ces mammifères marins de traverser une zone polluée par un naufrage. « On sacrifie ceux qui protègent la nature », déplore-t-elle.

NASA : incertitude et restrictions budgétaires

La NASA, symbole de l’exploration spatiale américaine, n’est pas épargnée. Bien que l’agence n’ait pas subi autant de licenciements directs que la NOAA ou les NIH, elle fait face à des restrictions budgétaires et à des incertitudes sur plusieurs projets. Ainsi, 23 employés ont été remerciés, dont la scientifique en chef et climatologue de renom Katherine Calvin qui avait été nommée par Joe Biden.

Plusieurs contrats liés aux missions Artemis, destinées à ramener des astronautes sur la Lune, pourraient être revus à la baisse. De même, des programmes scientifiques liés à l’observation de la Terre et au climat pourraient être annulés ou retardés. Ces décisions ont suscité des inquiétudes au sein de la communauté scientifique et parmi d’anciens responsables de l’agence. Les critiques estiment que ces mesures pourraient nuire à la réputation et aux capacités futures de la NASA.

Parcs nationaux : un patrimoine en péril

Les parcs nationaux, joyaux du patrimoine américain, subissent de plein fouet les coupes budgétaires. Quelque 1.000 employés ont été renvoyés, menaçant l’entretien des sites, l’accueil des visiteurs et la protection de la faune. « Moins de personnel signifie moins d’horaires d’ouverture, plus de déchets et des risques accrus pour les visiteurs », explique Kristen Brengel, de la National Parks Conservation Association, citée par AP News.

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En parallèle, un gel budgétaire menace des financements cruciaux issus du Great American Outdoors Act, une loi de 2020 visant à rénover les infrastructures des parcs. Les élus démocrates tirent la sonnette d’alarme. Dans une lettre signée par 22 sénateurs, ils dénoncent une stratégie qui pourrait « fermer des parcs entiers et fragiliser l’économie locale dépendante du tourisme. »

Une politique de démantèlement assumée

L’administration Trump justifie ces coupes par une volonté de réduire la taille du gouvernement fédéral. Un mémo de la Maison-Blanche qualifie l’Etat fédéral de « corrompu et obèse » et ordonne des licenciements massifs pour “économiser de l’argent et améliorer l’efficacité”. Mais pour de nombreux experts, ces suppressions de postes compromettent des décennies de progrès. Craig McLean, ancien cadre de la NOAA, s’insurge. « Démanteler ces agences, ce n’est pas rendre l’Amérique grande à nouveau, c’est la faire reculer », témoigne-t-il sur NPR.

Toutes nos infos sur les Etats-Unis

Des scientifiques du NIH, de la NOAA, de la NASA et du National Park Service continuent de se mobiliser pour alerter sur l’impact de ces mesures. Mais face à une administration déterminée à réduire le rôle du gouvernement fédéral, l’avenir de la science et de l’environnement aux Etats-Unis reste plus incertain que jamais.