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Etats-Unis : Le candidat « socialiste » Zohran Mamdani à New York peut-il soutenir les démocrates ?

Zohran Mamdani, élu autoproclamé « socialiste » du Parti démocrate américain, pourrait devenir le premier musulman maire de New York. Les élections municipales de la mégalopole auront lieu le 4 novembre prochain.


Et si c’était lui ? Zohran Mamdani, élu qui se qualifie de « socialiste » au sein du Parti démocrate américain, est en passe de devenir l’un des plus jeunes maires de l’histoire de New York, tout en étant le premier musulman à occuper ce poste. Depuis sa victoire inattendue lors de la primaire en juin, cet homme de 34 ans, qui était peu connu il y a un an, est en tête des sondages, surpassant ses rivaux, Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État de New York, et Curtis Sliwa, candidat républicain.

Cette situation pourrait redonner espoir au Parti démocrate à l’échelle nationale, alors que 63 % des électeurs jugent le parti de façon négative, selon un sondage du Wall Street Journal en juillet.

« Les deux partis qui dominent la vie politique et électorale sont depuis longtemps désavoués par les Américains, mais le Parti démocrate l’est encore plus que le Parti républicain », déclare Marie-Christine Bonzom, politologue, journaliste et spécialiste des États-Unis. Elle fait remarquer que « le Parti démocrate n’arrive pas à surmonter son éviction du pouvoir, suite à la perte de la présidence et du Congrès en 2024. Il n’a pas de leader, pas de stratégie, pas de message autre que le leitmotiv anti-Trump, et se déchire en interne, surtout entre l’aile gauche et les centristes. Les Démocrates sont dans un désert où ils errent ».

Dans ce contexte difficile, « Zohran Mamdani pourrait symboliser un espoir de renouveau pour les démocrates », avance Marie Assaf, docteure en études politiques à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle précise qu’« il revient aux sources du parti, en mettant l’accent sur le coût de la vie, le travail qui doit être rémunérateur, l’inflation excessive, et l’assistance aux plus précaires ». Selon l’experte, le candidat a également réussi à capter un électorat renouvelé, celui que le Parti démocrate a perdu ces dernières années, à savoir une population plus jeune, clairement progressiste, et en désaccord avec la ligne du parti sur plusieurs sujets, notamment concernant la Palestine.

Cependant, ces atouts doivent être nuancés. New York, la plus grande ville du pays avec une population diversifiée et historiquement de gauche, « n’est pas représentative des États-Unis, car elle possède une dynamique socioculturelle et économique très particulière », rappelle Marie Assaf. Elle souligne que le succès du candidat démocrate « n’est pas reproductible à l’échelle nationale, même s’il pourrait s’appliquer dans d’autres grandes villes du pays, y compris dans le sud, comme à Atlanta ou Austin ».

Le candidat, dont le programme inclut « le gel des loyers, la gratuité des bus et des crèches », ainsi que la taxation des plus riches, « peut sembler menaçant pour une partie de la population new-yorkaise, notamment les plus fortunés qui soutiennent traditionnellement le Parti démocrate », explique Marie Assaf.

De plus, plusieurs figures modérées du parti, y compris le chef des démocrates et sénateur de New York Chuck Schumer, n’ont pas soutenu Zohran Mamdani, en raison de ses positions jugées trop extrêmes et de son manque d’expérience, souligne Marie-Christine Bonzom.

« Si l’espoir incarné par Mamdani existe, sa carrière sera très limitée, car il ne peut pas se présenter à la présidentielle, étant né à l’étranger », prévient la politologue et journaliste. Elle ajoute que « le messager ne pourra pas aller très loin, mais son message pourrait avoir une portée plus large s’il est élu et que sa gestion de la ville de New York est bien perçue sur le long terme ». Marie-Christine Bonzom conclut en indiquant que certains décideurs démocrates pourraient alors accepter l’idée que le parti doit se recentrer sur un message populiste et socio-économique pour regagner au niveau national des électeurs qui l’ont quitté, soit pour soutenir Trump, soit pour s’abstenir de voter. La première indication de cette dynamique pourrait se révéler lors des élections municipales de la mégalopole, prévues le 4 novembre prochain.