Etats-Unis : L’armée a déjà dépensé 21 millions de dollars pour expulser une trentaine de migrants par avion

L’armée américaine a dépensé plus de 21 millions de dollars pour expulser des étrangers par avion depuis le début du second mandat de Donald Trump, marqué par une virulente politique anti-immigration. C’est ce que révèlent des chiffres transmis par le Pentagone à la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, publiés lundi.

En tout, 46 vols effectués à bord d’avions militaires ont été réalisés entre le 20 janvier et le 8 avril 2025, a précisé l’armée à l’élue du Massachusetts, qui siège à la commission des Forces armées du Sénat. Ces opérations, qui ont totalisé 802,5 heures de vol, ont coûté en moyenne 26.277 dollars par heure. Ces données proviennent du Commandement du transport militaire américain (Transcom), responsable de la logistique aérienne de l’armée.

« Un abus de pouvoir » pour Elizabeth Warren

Elizabeth Warren, l’une des figures les plus actives de l’opposition démocrate au Sénat, n’a pas mâché ses mots. « Tous les Américains devraient être scandalisés par le fait que Donald Trump gaspille des ressources militaires pour payer ses coups politiques qui ne nous mettent pas plus en sécurité », a-t-elle dénoncé dans un communiqué officiel. « Les membres des forces armées américaines ne se sont pas engagés pour cet abus de pouvoir », a-t-elle poursuivi.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la politique migratoire s’est encore durcie, avec une rhétorique offensive, des campagnes d’expulsion spectaculaires – souvent contestées devant les tribunaux –, et le déploiement de milliers de soldats supplémentaires à la frontière avec le Mexique.

Une trentaine de migrants envoyés à Guantánamo

Selon CBS News, ces vols militaires n’ont concerné que 32 migrants au total, tous envoyés vers la base navale américaine de Guantánamo, à Cuba – une destination symbolique et controversée. L’administration Trump avait annoncé en janvier vouloir y détenir jusqu’à 30.000 personnes. Mais en pratique, cette capacité n’a jamais été atteinte : à aucun moment, la base n’a hébergé plus de 200 migrants, précisent les services militaires.

Le Wall Street Journal ajoute que certains de ces vols ont coûté jusqu’à 3 millions de dollars chacun, avec parfois moins d’une quinzaine de passagers à bord. Selon les calculs du journal, cela représente un coût d’environ 20.000 dollars par personne, une dépense jugée démesurée même par des responsables militaires. Toujours selon le quotidien, ces vols ont été discrètement suspendus le 1er mars. L’administration s’oriente désormais vers des alternatives moins coûteuses, notamment des vols commerciaux ou des transports civils affrétés par l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement).

Une stratégie politique sous couvert de sécurité

Donald Trump justifie sa politique anti-immigration par une hausse importante des arrivées clandestines ces dernières années, notamment à la frontière sud. Pourtant, ces expulsions par avions militaires ne concernent qu’une infime minorité de migrants, ciblés pour leur profil ou dans le cadre d’opérations à haute visibilité politique.

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Derrière cette stratégie, dénoncent ses détracteurs, se cache un usage électoral des moyens de l’armée. Elizabeth Warren n’est pas la seule à exprimer des inquiétudes : plusieurs ONG et juristes spécialisés dans les droits de l’homme s’alarment depuis des mois de l’instrumentalisation de Guantánamo comme centre de détention migratoire, une pratique sans précédent à cette échelle.