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Etats-Unis : La NSA modifie ou supprime des milliers de pages web en lien avec la diversité et l’inclusion

Dans un effort pour se conformer aux décrets de Donald Trump visant à restreindre les initiatives de diversité, équité et inclusion (DEI), la National Security Agency (NSA) a entamé une suppression massive de contenus sur ses sites web et réseaux internes. Selon une enquête du site Popular Information, cette opération, surnommée la « Grande Suppression » (« Big Delete » en anglais), entraîne des conséquences imprévues et perturbe des activités essentielles de l’agence.

Un mémo interne de la NSA, consulté par Popular Information, révèle qu’à partir du 10 février, tous les sites et documents internes contenant l’un des 27 termes interdits – dont « privilège », « biais », « inclusion » et « équité » – seront supprimés. Cette directive, appliquée de manière rigoureuse, risque d’affecter des contenus n’ayant aucun lien direct avec les politiques DEI.

Une purge qui affecte les missions de la NSA

Un employé de la NSA, s’exprimant sous anonymat, a décrit cette suppression comme un processus « très chaotique », avançant malgré les alertes internes sur les risques pour la mission de l’agence. Par ailleurs, l’opération ne se limite pas aux sites accessibles au public puisque des outils internes de la NSA sont également touchés.

Faute de personnel suffisant pour examiner manuellement les contenus à supprimer, la NSA a confié cette tâche à des stagiaires du « Data Science Development Program », chargés d’identifier les « faux positifs ». Malgré ces précautions, l’agence s’attend à des interruptions involontaires de certaines ressources critiques.

Censure plus large que la lutte contre la discrimination

Si les décrets de Donald Trump prétendaient cibler les « programmes de discrimination illégaux et immoraux », la liste des mots interdits montre que leur application va bien au-delà. L’administration a cherché à interdire toute reconnaissance du racisme, des stéréotypes et des biais, y compris dans des contextes scientifiques et technologiques. Popular Information souligne que même l’expression « biais de confirmation » – un concept psychologique sans lien avec la race ou le genre – fait partie des termes proscrits.

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Cette censure s’inscrit dans une tendance plus large d’effacement de contenus gouvernementaux sous l’administration Trump. Une enquête du Washington Post a ainsi relevé que des milliers de pages web fédérales ont été modifiées ou supprimées depuis son arrivée au pouvoir. Parmi elles, au moins 231 suppressions concernaient directement les termes diversité, équité et inclusion, affectant les sites du Département du Travail, de l’Education, de la Santé et des Transports.

Disparition des ressources LGBTQ+ et climatiques

Dans d’autres agences, cette politique a également conduit à la suppression de mentions liées aux droits des personnes LGBTQ+. NBC News a écrit que plusieurs sites gouvernementaux ont retiré les références aux personnes transgenres dans leurs documents officiels. Sur le site du Département d’Etat, une section autrefois dédiée aux « voyageurs LGBTQI » a été modifiée pour ne mentionner que les « voyageurs LGB ». L’Administration de la Sécurité sociale et le Département de l’Education ont également procédé à de telles modifications.

Par ailleurs, des informations sur le changement climatique ont été supprimées de plusieurs sites gouvernementaux, conformément aux déclarations de Donald Trump qualifiant ce phénomène de « canular ». Selon The Guardian, le Département de l’Agriculture a ordonné la suppression ou l’archivage de toutes les pages dédiées au changement climatique, tandis que le Département des Transports a remplacé ce terme par « résilience climatique ».

Un effacement massif de données scientifiques

Parmi les agences les plus touchées figure le Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC), qui aurait supprimé plus de 3.000 pages, selon le New York Times. L’une des suppressions les plus notables concerne les données de l’enquête Youth Risk Behavior Survey, qui surveille des indicateurs clés de santé publique. Ces informations ont temporairement disparu avant d’être restaurées avec certaines données sur le genre effacées.

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Face à ces suppressions, le groupe Doctors for America a intenté une action en justice contre l’administration Trump, dénonçant la suppression de ressources et de données médicales essentielles. L’organisation affirme que cette politique « prive les cliniciens et les chercheurs d’outils nécessaires pour soigner les patients ».