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Etats-Unis : La justice suspend la décision de Trump concernant le sort des fonctionnaires

Les fonctionnaires fédéraux des Etats-Unis ont obtenu un répit in extremis. Alors que plus de deux millions d’entre eux devaient choisir, en neuf jours seulement, entre signer une « démission différée » au 30 septembre ou risquer de perdre leur emploi sans compensation, un juge fédéral du Massachusetts a suspendu ce jeudi la date limite de cette initiative controversée, qui devait expirer à 23h59. Une nouvelle audience est prévue lundi, selon le Washington Post.

L’action en justice a été menée par l’American Federation of Government Employees (AFGE), le principal syndicat des fonctionnaires fédéraux, ainsi que par d’autres organisations. Ils dénoncent une mesure « illégale, arbitraire et trop brutale » et exigent que le gouvernement élabore des alternatives respectant la loi.

Une offre sous pression

D’après Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, « plus de 40.000 » fonctionnaires ont déjà accepté l’offre de démission différée, soit environ 2 % des effectifs. « Nous nous attendons à ce que ce nombre augmente. Nous encourageons les fonctionnaires fédéraux de cette ville à accepter cette offre très généreuse », a-t-elle insisté.

Derrière cette mesure se trouve Elon Musk, désormais un proche du président Donald Trump, qui pilote la réduction drastique de l’administration fédérale. Il espère obtenir entre « 5 et 10 % » de départs volontaires. Mais certains dénoncent une stratégie délibérée de chaos. « On ne cherche pas à réduire la taille de l’État fédéral avec une démarche rationnelle. On cherche à semer la panique pour que les gens partent et laissent l’administration dans un état lamentable », confie anonymement un employé de l’Office of Personnel Management (OPM).

Incertitudes financières et juridiques

L’accord proposé aux fonctionnaires garantit leur salaire et leurs avantages sociaux jusqu’au 30 septembre. Cependant, ceux qui l’acceptent doivent renoncer à toute poursuite judiciaire. Un engagement jugé risqué par de nombreuses organisations. « Comment le gouvernement peut promettre de payer les employés jusqu’à leur démission différée quand les fonds pour le faire n’ont pas été alloués », s’inquiètent-elles.

Everett Kelley, président de l’AFGE, met en garde les fonctionnaires : « Les employés fédéraux ne doivent pas se laisser duper par les paroles en l’air de milliardaires non élus et de leurs laquais. Ce système n’est pas financé et ne s’accompagne d’aucune garantie. » Plusieurs procureurs généraux démocrates, notamment ceux de New York, Californie, Michigan et Arizona, appellent également à la prudence face à une offre jugée « trompeuse ».

Une alternative à haut risque

Mais refuser la démission différée ne garantit cependant pas un avenir sécurisé. Dans un courriel intitulé « bifurcation », l’OPM avertit que ni la pérennité des postes ni celle des administrations ne sont garanties pour ceux qui choisissent de rester. L’exemple de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) illustre cette incertitude : dès vendredi, l’ensemble de son personnel sera placé en congé administratif, préfigurant peut-être le sort de nombreuses autres agences fédérales.

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Les fonctionnaires fédéraux se retrouvent ainsi face à un dilemme crucial : partir avec des compensations incertaines ou rester avec le risque d’un licenciement sans indemnisation. La décision du juge fédéral de suspendre l’ultimatum leur accorde quelques jours de répit, mais l’issue de cette crise reste encore incertaine.