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Etats-Unis : La Fed opte pour une hausse modeste des taux, entre inflation et turbulences bancaires

Ménager la chève et le chou. La banque centrale américaine (Fed) a relevé son taux d’un quart de point de pourcentage mercredi et recherché l’équilibre entre sa lutte contre l’inflation et les turbulences sur le secteur bancaire qui, a-t-elle averti, risquent de « peser » sur l’économie. Le principal taux directeur de la Fed se situe désormais dans une fourchette de 4,75 à 5,00 %, au plus haut niveau depuis 2006, à l’issue d’une décision prise à l’unanimité.

La puissante institution faisait face à un difficile arbitrage. Elle a finalement opté pour le compromis, entre la forte hausse des taux qu’elle anticipait il y a encore deux semaines face à l’inflation élevée, et une pause, afin d’éviter d’aggraver les difficultés des banques. « Nous avons envisagé » une pause « dans les jours qui ont précédé la réunion », a souligné le président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa conférence de presse mercredi.

Mais l’inflation qui ne faiblit pas assez et le marché de l’emploi toujours tendu ont achevé de convaincre les responsables de la Fed de donner un tour de vis supplémentaire. Pas aussi fort cependant que ce qu’ils prévoyaient auparavant.

L’argent des épargnants est « en sécurité » dans les banques aux Etats-Unis, a assuré Jerome Powell, affirmant que le système bancaire américain était solide, et soulignant que l’institution était « résolue à tirer les leçons de cet épisode ».

Inflation attendue à 3,6 % en 2023

« Les événements des deux dernières semaines devraient entraîner un certain resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises et ainsi peser sur la demande, sur le marché du travail et sur l’inflation », a ainsi expliqué Jerome Powell. « Vous pouvez y voir l’équivalent d’une hausse des taux », a-t-il ajouté.

Et pour la suite, la majorité des 18 responsables de la Fed – gouverneurs et présidents des antennes régionales – anticipent une hausse supplémentaire d’un quart de point des taux. L’un d’entre eux seulement juge opportun de s’arrêter là, tandis que sept autres sont favorables, à l’inverse, à aller encore plus haut.

La banque centrale américaine a par ailleurs mis à jour mercredi ses prévisions économiques, dont les précédentes remontaient à décembre. Elle anticipe désormais une inflation pour 2023 à 3,6 %, contre 3,5 % auparavant, et pour 2024 à 2,6 %, contre 2,5 %. Les prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) ont été révisées en légère baisse, à 0,4 % contre 0,5 % pour 2023, et à 1,2 % contre 1,6 % pour 2024.

Fragilité du système bancaire

Les faillites récentes des banques régionales américaines Silicon Valley Bank (SVB), Signature Bank et Silvergate ont créé une vague d’inquiétudes. Gouvernements, banques centrales et régulateurs sont intervenus en urgence pour tenter de rétablir la confiance, meilleure arme pour éviter une contagion.

« Nous devons renforcer la supervision et la régulation » des banques, a concédé M. Powell, qui a rappelé qu’une enquête des régulateurs est en cours et qui s’est montré favorable à la conduite d’une enquête indépendante. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a de son côté assuré, devant une commission du Sénat, que « le système bancaire américain était solide ».

Après deux séances de rebond en début de semaine, les Bourses européennes ont évolué mercredi autour de l’équilibre et terminé sur une tendance mitigée. Wall Street cependant a brutalement lâché du lest en fin de séance, après la Fed. Le dollar perdait de son côté plus de 1 % face à l’euro, les cambistes interprétant la communication de la Fed comme un signe d’assouplissement.