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Etats-Unis : La dérive sanglante d’un ex-ingénieur de SpaceX, suspecté du meurtre de Margaux, sa jeune femme française

«Au cœur du Pacifique, là où respire l’océan, deux âmes se sont rencontrées dans une danse de la réalité. » C’est par ce message très poétique, posté sur Instagram, que Margaux Nguyen a annoncé, le 9 septembre dernier, son mariage avec Sam Whittemore. Elle a 32 ans, lui 34. Leur relation a commencé à Tahiti, où elle exerçait comme professeure de yoga.

Quelques années plus tard, il célébrait leur union au bord d’un lac dans le Maine, dans le nord-est des Etats-Unis. Sur les clichés, diffusés sur les réseaux sociaux, le jeune couple aux airs bohèmes s’enlace dans une forêt après avoir échangé leurs alliances. Le bonheur se lit sur leur visage souriant. Qui aurait pu prédire que, cinq mois plus tard, le jeune homme serait accusé du meurtre de son épouse ?

Le couple rendait visite aux parents de Sam, à Readfield, une ville d’environ 2.600 habitants, dans le Maine, lorsque le drame a eu lieu. Selon la presse américaine, la police, qui a été alertée, est intervenue vers 10 heures du matin, le 19 février dernier et a découvert le corps de Margaux à l’extérieur de la maison habitée depuis 1990 par Dorothy et Henry Whittemore. A l’intérieur, les policiers retrouvent la mère du suspect, âgée de 67 ans, qui a été grièvement blessée. Elle a été transportée à l’hôpital de Lewiston dans un état grave. Le père de Sam était absent au moment des faits.

« Ingénieur et marin passionné »

Pour les enquêteurs américains, il ne fait aucun doute que la victime a été tuée. Le principal suspect n’est autre Samuel qui avait pris la fuite avant l’arrivée de la police. Il a finalement été interpellé un peu plus tard à proximité de la scène de crime. La victime a été autopsiée par un médecin légiste à Augusta mais la cause de son décès n’a pas été dévoilée. Son mari, lui, a été accusé et transféré à la prison du comté de Kennebec. Il devait comparaître ce vendredi devant un tribunal mais l’audience a été renvoyée à une date ultérieure, le juge Daniel Mitchell ayant souhaité qu’une expertise psychiatrique de Sam soit réalisée, a indiqué le Portland Press Herald. En attendant, il a été renvoyé en prison.

Le couple s’était rencontré en Polynésie où Margaux s’était installée en 2020. Après avoir été au lycée Racine, à Paris, étudié à l’université de Rome, en Italie, et à Berkley, en Californie, elle avait finalement posé ses valises à Pirae, près de Papeete, où elle exerçait comme professeure de yoga. Auparavant, la jeune femme, qui était diplômée de la SKEMA Business School, à Lille, a travaillé dans le marketing.

Ancien ingénieur de SpaceX, diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology, Sam, lui, travaillait comme ingénieur pour l’association Coral Gardeners. « Je conçois, construis et déploie des équipements sous-marins utilisés pour surveiller et améliorer la restauration des récifs coralliens », écrivait-il sur son profil LinkedIn. Il se décrivait comme un « ingénieur et marin passionné », un homme « honnête, analytique » et « équilibré ». Il possédait le SV Havili, un voilier de 15 mètres de long avec lequel il avait gagné l’archipel.

« Il s’énervait pour rien »

Interrogée par TNTV News, Camille, une amie de Margaux, se souvient de la victime comme d’un « ange ». « Elle était gentille avec tout le monde, elle s’entendait avec tout le monde, elle faisait du yoga, elle était très penchée sur les énergies, elle n’envoyait que de bonnes ondes », explique-t-elle. En revanche, elle décrit Sam comme un homme « instable », qui « ne savait jamais ce qu’il voulait. Un jour il voulait se marier avec elle et puis le lendemain il voulait tout arrêter, tout quitter ». « Il y a eu des fois où elle me disait qu’il s’énervait pour rien », notamment lorsqu’il n’avait plus d’herbe à fumer, ajoute Camille. Mais selon elle, le suspect ne paraissait pas être « un fou furieux ».

Margaux et Sam avaient quitté la Polynésie l’année dernière et s’étaient installés dans le Maine pour se rapprocher des parents du marié qui vivent là-bas. Sa mère craignait-elle, depuis, pour sa sécurité ? La question se pose au regard du courrier qu’elle avait adressé au Kennebec Journal le 7 avril dernier, titré : « Le Maine doit promulguer une loi sur les risques extrêmes pour prévenir la violence armée ». Dorothy Whittemore estimait nécessaire de changer la législation locale afin de permettre aux tribunaux de retirer temporairement les armes à feu des « personnes qui présentent un risque de se blesser ou de blesser autrui ».

Une mesure qui, selon elle, permettrait de « prévenir des tragédies telles que des suicides ou des fusillades de masse en désarmant temporairement les personnes en crise ». Pensait-elle à son fils en rédigeant ces lignes ? L’enquête devra cerner la personnalité du suspect et déterminer les causes de son passage à l’acte.