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Etats-Unis : La bière Bud Light visée par un boycott après un partenariat avec une influenceuse transgenre

Aux Etats-Unis, presque tout est politique, y compris désormais la bière. La très populaire marque Bud Light est dans la tempête depuis un partenariat avec une influenceuse transgenre.

Cette boisson peu onéreuse est pourtant vendue partout, des événements sportifs aux concerts. Une des plus populaires aux Etats-Unis, elle a une image typiquement américaine que les conservateurs affectionnent.

Une canette personnalisée

Tout commence début avril, avec une vidéo promotionnelle : une influenceuse, Dylan Mulvaney, apparaît face caméra dans la publication sur son compte Instagram, une Bud Light à la main. Elle explique avoir reçu de la marque du géant Anheuser-Busch InBev une canette personnalisée, avec son visage dessus, pour célébrer le premier anniversaire de sa transition de genre. « Je célèbre mon 365e jour en tant que fille, et Bud Light m’a envoyé ce qui pourrait bien être le plus beau cadeau du monde », dit-elle en souriant.

L’actrice, influenceuse et militante de 26 ans, a une certaine notoriété sur les réseaux sociaux (10 millions d’abonnés sur TikTok) sans être une star incontournable, et la publication aurait pu passer inaperçue. Sauf que Dylan Mulvaney, qui parle très ouvertement de sa transition et défend les droits LGBT+, représente tout ce que les conservateurs détestent.

Boycott des stars de la country

Pour la droite, chauffée à blanc sur les questions d’identité de genre, Bud Light fait une erreur en devenant une « bière trans » et doit être boycottée. Les stars de la country mènent alors l’attaque. L’artiste Riley Green remplace par exemple le nom de Bud Light par un de ses concurrents dans une de ses chansons, lors d’un concert mi-avril. Le très célèbre Kid Rock poste une vidéo où il promet une réponse « claire et concise » à la polémique. Casquette au logo trumpiste sur la tête, il se tourne, tient un fusil semi-automatique… et crible de balles des packs de Bud Light.

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, coqueluche des républicains pressenti pour la présidentielle de 2024, jurait également lundi qu’il ne boira plus de Bud Light, refusant de soutenir les « entreprises woke ».

La polémique a vite dépassé la sphère politique. Des bars ont indiqué suivre le boycott, principalement dans des Etats républicains. John Rich, chanteur country et propriétaire d’un bar dans la festive ville de Nashville, a expliqué sur Fox News avoir « des caisses et des caisses » de Bud Light qui traînent, faute de commandes des clients. Et, en Floride, le restaurant Grills Seafood assume ne plus servir cette bière « à cause de leur soutien à une chose qui est totalement opposée à nos valeurs bibliques », dans une publication Facebook.

La marque M & M’s en a déjà fait les frais

Ces derniers jours, Anheuser-Busch InBev a lancé une contre-offensive en diffusant une publicité au très fort parfum patriotique, avec paysages typiquement américains et, bien sûr, l’inévitable drapeau des Etats-Unis. Le patron, Brendan Whitworth, a également publié un communiqué d’excuses qui n’a semblé satisfaire personne. « Nous n’avons jamais eu l’intention d’entrer dans un débat qui divise les gens », explique-t-il sans citer directement la polémique.

Ce n’est pas la première fois qu’une marque se voit reprocher un partenariat trop « woke ». M & M’s en a fait les frais en janvier en voulant rendre les mascottes de ses friandises plus inclusives. Mais du tumulte sur Twitter ne se traduit pas toujours par une baisse des ventes, souligne Jura Liaukonyte, professeure d’économie à l’école Dyson de l’université Cornell. « Il est facile de parler, mais il est plus difficile d’agir. » « Il est très compliqué pour un mouvement de boycott d’être efficace à long terme », assure-t-elle, en se basant sur de précédents exemples de campagnes qu’elle a étudiées.