Etats-Unis : Droits de douane, TikTok, avortement… Les revirements en série de Donald Trump
Donald Trump a opéré mercredi un revirement spectaculaire dans sa politique commerciale : il a suspendu temporairement la plupart des droits de douane imposés à des dizaines de partenaires des États-Unis. Une volte-face qui n’étonne plus vraiment de la part d’un président coutumier des changements de position brutaux, parfois contradictoires, et souvent stratégiques.
Voici quelques-uns des sujets sur lesquels Donald Trump a déjà changé d’avis, parfois plusieurs fois.
Le droit à l’avortement
En 1999, l’ancien magnat de l’immobilier se disait « fortement pour le choix » (pro-choice) et fermement opposé à l’interdiction de l’avortement. Mais en coulisses, il admettait aussi qu’il « déteste le concept d’avortement et tout ce qu’il représente ».
Deux décennies plus tard, élu président avec le soutien des chrétiens évangéliques, il devient l’un des plus fervents opposants à l’IVG et nomme les juges ayant permis la révocation du droit fédéral à l’avortement en 2022. Il appelle même à une « certaine forme de punition » pour les femmes qui y ont recours. Pourtant, durant sa dernière campagne, Trump a écarté l’idée d’une interdiction nationale, et renvoie la question aux États. Un positionnement un peu moins radical.
De la menace d’interdiction à la promesse de le « sauver » TikTok
En 2020, Donald Trump tente en vain de bannir TikTok, allant jusqu’à accuser la plateforme de livrer les données américaines à la Chine. Quatre ans plus tard, en juin 2024, c’est un (nouveau) revirement total : « Nous aimons TikTok, je vais le sauver », lance-t-il en meeting de campagne.
Revenu à la Maison-Blanche début 2025, il prolonge même le délai de cession imposé à ByteDance (la maison mère du réseau social) jusqu’au 19 juin prochain, tout en créant un fonds souverain censé faciliter des rachats stratégiques… dont TikTok pourrait bénéficier.
Entre minimisation à la prudence face au Covid
Au début de la pandémie, Trump moque les masques, minimise le virus et critique les confinements qui compromettent selon lui la liberté de la population. Il suggère aussi que l’eau de javel pourrait être un bon moyen de se prémunir face au virus.
Mais après son hospitalisation en octobre 2020, il change de ton, et se fait même vacciner juste avant de quitter la Maison-Blanche en janvier 2021. Il ira même jusqu’à encourager ses soutiens à en faire autant.
Politique internationale : la girouette
Alors en campagne pour la présidence américaine, Donald Trump accuse la Chine de tous les maux en 2016 traitant le pays de « manipulateur de devises ». Et finalement, quelques mois à peine après son élection à la Maison-Blanche, il décidera d’inviter Xi Jinping dans sa résidence Floridienne de Mar-a-Lago, affirmant au passage que les Chinois « ne manipulent pas leur monnaie ». Depuis son retour au pouvoir pour un second mandat, on peut dire qu’il a (de nouveau) la Chine dans le nez. Le président américain a notamment réactivé la guerre commerciale avec le pays avant de la suspendre temporairement pour tous… sauf pour la Chine.

Quid de la Russie ? Donald Trump a toujours affiché une forme de bienveillance envers Vladimir Poutine. Lors de sa première campagne présidentielle, il promet un rapprochement avec Moscou, qu’il présente comme un partenaire possible contre le terrorisme. Mais une fois élu, ses relations avec la Russie sont immédiatement plombées par les accusations d’ingérence (qu’il a toujours démenties) dans la campagne de 2016. Son administration ordonne même des frappes aériennes contre une base du régime syrien, allié de Moscou, en avril 2017, après l’usage d’armes chimiques. Depuis son retour au pouvoir, le président américain a de nouveau surpris en appelant personnellement Vladimir Poutine à la mi-février pour lui proposer une médiation dans la guerre en Ukraine. Mais quelques semaines plus tard, le président américain change de ton et se dit « très énervé » contre son homologue russe, l’accusant de bloquer toute perspective de cessez-le-feu.
Une gestion chaotique des équipes
Les départs en cascade au sein de son premier gouvernement sont restés dans les mémoires. Tous écartés après avoir exprimé une opposition, ou simplement des réserves. L’un d’entre eux décrira plus tard dans son livre Donald Trump comme « inapte à diriger » et guidé uniquement par sa réélection.
Notre dossier sur Donald Trump
Ces revirements, que ses détracteurs qualifient d’opportunisme politique, sont pour ses partisans la preuve d’un président « libre », « pragmatique » et « flexible ». Une chose est sûre : Trump cultive une imprévisibilité qui désarçonne autant qu’elle mobilise.