France

Etats-Unis : Chantage à la sextape, condamnation… Qui est Charles Kushner, le diplomate convoqué au Quai d’Orsay ?

L’ambassadeur des Etats-Unis en France a été convoqué au Quai d’Orsay lundi. Charles Kushner a provoqué la colère de Paris après une lettre adressée à Emmanuel Macron dans laquelle il dénonce « l’absence d’action suffisante » du gouvernement français contre l’antisémitisme. L’ambassadeur reprend ainsi à son compte l’argumentaire de Benyamin Netanyahou, accusant le président français de « nourrir le feu antisémite » en appelant à la reconnaissance internationale d’un État palestinien.

« Aujourd’hui, ce n’est plus possible de tergiverser : l’antisionisme, c’est l’antisémitisme, point », écrit Charles Kushner. Des propos « inacceptables », selon le ministère français des Affaires étrangères, qui a dénoncé une ingérence dans les affaires intérieures et a convoqué l’ambassadeur. Un nouveau scandale pour cette figure particulièrement controversée et proche de Donald Trump.

D’où vient Charles Kushner ?

Né en 1954 à Elizabeth, dans le New Jersey, aux Etats-Unis, Charles Kushner est le fils de Joseph et Rae Kushner, deux survivants de la Shoah ayant fui la Pologne. Issu d’une famille juive orthodoxe moderne, il suit des études à l’université de New York puis un doctorat en droit à l’université Hofstra. En 1985, après la mort de son père, il fonde Kushner Companies et bâtit un empire immobilier pesant plusieurs milliards de dollars. L’entreprise s’impose surtout dans le New Jersey et à New York.

Pourquoi son parcours est-il controversé ?

Homme d’affaires influent et donateur politique, il a longtemps soutenu les démocrates avant de se rapprocher de Donald Trump. Mais sa carrière est marquée par un retentissant scandale. En 2004, il est inculpé de fraude fiscale, contributions illégales et subornation de témoin. L’épisode le plus retentissant de cette épopée judiciaire concerne la confection d’une sextape. Alors que son beau-frère coopérait avec les autorités (et contre lui), Charles Kushner a payé une prostituée et filmé ses ébats avec William Schulder, avant d’envoyer la vidéo à la femme de sa victime… Sa propre sœur.

Après avoir plaidé coupable, Charles Kushner a été condamné à deux ans de prison et est resté 14 mois derrière les barreaux. Mais en décembre 2020, Donald Trump décide de le gracier. Une décision qui dérange alors que son fils, Jared Kushner, a épousé la fille du président américain, Ivanka Trump. Cinq ans plus tard, il le nomme ambassadeur en France, malgré les critiques. Son arrivée à Paris incarne la volonté du républicain de placer des fidèles et des membres de son cercle intime à des postes diplomatiques stratégiques.

Quelle est sa personnalité ?

Lorsque Donald Trump le nomme au poste d’ambassadeur, il salue « un formidable chef d’entreprise, philanthrope et négociateur ». Mais le portrait dressé par ses anciens collaborateurs et journalistes est loin d’être aussi flatteur. L’ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, a ainsi recommandé « la lecture de son CV » à l’annonce de sa nomination et ajouté : « Inutile de préciser qu’il ne connaît pas notre pays du tout. »

Charles Kushner est aussi accusé de sexisme. « Malgré ma politesse indéfectible envers Charlie, il me traitait régulièrement de « putain de garce » dans mon dos », dénonce la journaliste Elisabeth Spiers qui accuse l’homme de considérer les femmes qui n’avaient pas « assez de déférence » à son égard étaient « des garces ». L’ancienne rédactrice en chef du New York Observer le décrit comme « vindicatif et rancunier ».

Fervent défenseur d’Israël, Charles Kushner est aussi connu pour son extrémisme sur le sujet. D’après l’autrice du livre Kusher Inc., l’homme considérait comme de l’antisémitisme le fait que l’un de ses employés « utilise un stylo Montblanc (fabriqué en Allemagne) [ou conduise une] Lincoln Continental (fabriquée par la société d’Henry Ford) ».

Lors de sa confirmation part le Sénat, 51 voix contre 45, Charles Kushner avait exprimé ses « regrets » pour ses actions passées et promis de « renforcer la relation franco-américaine ». Mais sa première crise diplomatique avec Paris intervient moins de deux mois après sa prise de fonctions.