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Etats-Unis : 150 millions de poulets abattus par Biden ? Comment Trump instrumentalise la « crise des œufs »

La crise du prix des œufs est devenue un enjeu majeur aux Etats-Unis… et l’un des arguments phares du camp Trump pour s’en prendre à l’ancienne administration de Joe Biden. De fait, le prix des œufs a augmenté de 53 % entre janvier 2024 et janvier 2025. Et cette inflation est devenue le symbole de l’augmentation du coût de la vie aux Etats-Unis, dont les habitants sont d’importants consommateurs d’œufs. Donald Trump avait d’ailleurs fait de la baisse de leur prix une de ses promesses de campagne, assurant : « Quand je gagnerai, je ferai immédiatement baisser les prix, dès le premier jour ».

Puis est venu le temps des accusations. Le 28 janvier, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt, a ainsi déclaré que « l’administration Biden et le ministère de l’Agriculture ont ordonné l’abattage massif de plus de 100 millions de poulets, ce qui a entraîné une pénurie de poulets dans ce pays, et donc une pénurie d’œufs ». Lors de son discours devant le Congrès mardi soir, Donald Trump a répété cette idée, affirmant que Joe Biden a « laissé le prix des œufs devenir incontrôlable ». Dernièrement, c’est son bras droit Elon Musk qui s’est fendu d’un post sur X visionné plus de 45 millions de fois, assurant que « l’administration Biden a ordonné l’abattage insensé de 150 millions de poules pondeuses ».

Le contexte de la grippe aviaire

Mais l’administration Trump oublie souvent de mentionner un paramètre important, créant le flou sur les motivations de Biden à faire tuer autant de poules pondeuses : l’épidémie de grippe aviaire qui touche le pays depuis 2022. Selon les données du ministère de l’Agriculture (USDA), 166,38 millions d’oiseaux ont été contaminés depuis le 8 février 2022. Ce qui signifie tout autant d’animaux tués, puisque la politique de l’administration stipule que les animaux contaminés doivent être abattus pour éviter la propagation de l’épidémie.

Les oiseaux contaminés ont de toute façon de très fortes chances de mourir de la maladie. Comme le note le média américain Politifact, citant les chiffres du Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, la mortalité chez les poulets contaminés est de 90 % à 100 %, et se produit souvent dans les 48 heures.

Surtout, cette politique n’est pas propre à l’administration Biden. Comme le souligne le même média, le fait de tuer les animaux contaminés était déjà le mot d’ordre en cas d’épidémie lors du premier mandat de Donald Trump, de 2017 à 2021. En mars 2017, un rapport de l’USDA mentionnait ainsi l’abattage ou la mort par maladie de 253.000 oiseaux à cause de la grippe aviaire.

Enfin, malgré l’annonce d’un investissement d’un milliard de dollars « pour lutter contre la grippe aviaire et réduire le prix des œufs » et de solutions pour « minimiser le dépeuplement des poules pondeuses », l’abattage des poulets se poursuit sous l’administration Trump. C’est ce qu’a annoncé Rosemary Sifford, vétérinaire en chef du service d’inspection de la santé animale et végétale de l’USDA, cité par CBS News : « Aucun changement n’est prévu pour l’instant dans notre politique actuelle d’abattage sanitaire. Et nous continuerons à suivre les directives de la WOAH [Organisation mondiale de la santé animale] ». C’est notamment pour se conformer à ces normes que les animaux sont abattus en cas de contamination.