Et si vous alliez en boîte de nuit en illimité grâce à un abonnement, comme à la salle de sport ou au ciné ?

Un de nos journalistes avait imaginé ce monde en 2050 et il semblerait qu’il avait raison. Après les salles de sport, le streaming vidéo et musical, l’abonnement mensuel arrive dans les boîtes de nuit. Le Sucre, incontournable club de techno de Lyon, propose depuis la semaine dernière un pass pour profiter de ses soirées en illimité pour 40 euros par mois. Une première en France pour ce type d’établissements.

« Je suis vraiment trop heureux ! », s’exclame Arthur, 26 ans. Cet habitué des lieux a sauté sur l’occasion au moment de l’annonce et a déjà acquis son abonnement Le Sucre Max. « Moi, ça m’arrange car j’y vais au moins trois ou quatre fois par mois, pour des soirées qui coûtent au minimum 16 euros, indique-t-il. Et même si tous mes amis n’ont pas encore passé le cap, je trouve que 40 euros, c’est ultra-accessible pour ce que propose l’endroit comme événement. »

« Un sentiment trop plaisant »

L’amateur de musique techno, originaire de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), indique qu’il ira « beaucoup moins » dans d’autres boîtes lyonnaises. « C’est comme quand on choisit une salle de sport, on ne se rend pas dans les autres ensuite », souligne-t-il.

Arthur a déjà bénéficié des avantages de son statut d’abonné le week-end dernier et participer aux 12 heures du Sucre. « Le mardi, à 17 heures, on reçoit un lien pour accéder à la billetterie des événements du week-end et pour réserver sa place qui est à… 0 euro. Et le jour J, il n’y a qu’à montrer son entrée, présenter sa pièce d’identité et profiter. »

Avant d’ajouter, avec un énorme sourire : « C’est incroyable, je vous assure, ce sentiment est trop plaisant. Je suis arrivé les mains dans les poches, sans avoir peur de ne pas pouvoir entrer car il n’y avait plus de place. »

Une partie des places réservées pour les abonnés

C’était effectivement la promesse d’Arty Farty, l’association culturelle qui gère les lieux, avec cette nouvelle offre. « Ce qu’on voulait, c’est pouvoir dire : « Aujourd’hui, si tu t’abonnes au Sucre, tu es sûr de pouvoir venir à tous les événements du club, le vendredi, samedi, dimanche [pas les concerts] » », appuie Alexandre Didier, responsable billetterie et médiation publique. Il cite en exemple des soirées comme celle avec Laurent Garnier en décembre dernier, très vite sold out.

« On a vu que c’était compliqué d’avoir des places, qu’il y avait beaucoup d’attente, de frustration et parfois de la déception, note-t-il. Avec Le Sucre Max, on fidélise notre communauté. Et on priorise le public qui vient toute l’année. » Ainsi, si un événement affiche complet, « un petit quota » – sur les 780 places de capacité d’accueil -, est assuré pour que les abonnés puissent venir.

Plus d’une cinquantaine de pass déjà vendus

Pour les équipes d’Arty Farty, aucune pression d’être « les premiers » à lancer ce type d’offres. Au contraire. « On y réfléchit depuis longtemps, notamment quand on préparait les dix ans du Sucre (en 2023) et qu’on imaginait le  »club du futur », confie Alexandre Didier. On l’avait pensé comme un endroit ouvert H24, auquel on pouvait accéder comme on le souhaitait. Bon, on ne peut pas encore ouvrir les lieux 24 h/24, donc on s’est arrêté sur l’idée de l’abonnement illimité. »

Après une étude de marché de « ce qu’il se faisait dans d’autres salles », le constat a été rapide : « On n’a rien trouvé ». « On s’est dit qu’il y avait un truc à faire, à la fois novateur mais surtout très cool pour notre public, complète le responsable billetterie. Et au vu de nos expériences sur des  »pass sunset », on a compris que c’était presque une demande du public. » En une semaine, déjà plus d’une cinquantaine d’abonnements ont été vendus.

Une offre d’abonnement qui peut évoluer

Même du côté des prestataires de billetterie, cette idée est devenue un challenge. « On voulait quelque chose de simple, donc l’abonnement est pour une période d’un mois et se renouvelle automatiquement, détaille le responsable. Mais l’abonné peut l’annuler facilement à tout moment. Ce système n’existait pas. Shotgun, avec qui on travaille, a alors développé tout un processus pour imaginer cette nouvelle façon de faire. »

Les équipes d’Arty Farty se donnent six mois pour voir comment Le Sucre Max est reçu. Ensuite, d’autres options, comme un engagement d’un an ou l’ajout d’une personne supplémentaire sur le pass, pourraient élargir la gamme. « On y croit fort, affirme Alexandre Didier. On pense que c’est une nouveauté dans l’accueil des publics auxquels on est attentif. On accompagne d’ailleurs cette innovation avec d’autres, comme nos formats « extended » de clubbing, qui durent 24 ou 12 heures, au lieu des 6 ou 7 heures habituels. »

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Du côté d’Arthur, aucun doute, « ça ne peut que fonctionner ». « De manière générale, je trouve ça génial comme concept. Mais en plus, c’est le Sucre. C’est un super club, où on se sent toujours bien, avec une programmation très éclectique. C’est vraiment le futur ! »