France

Et si avec du vin sans alcool, les fêtes de Noël étaient plus folles ? Voici quelles bouteilles choisir

«Au bout d’un verre, je suis soûle et je n’en profite pas alors que j’aime bien le goût du vin ». Ce matin-là, Agnès, Bordelaise de 61 ans, a poussé la porte de « Belles grappes », la première cave 100 % sans alcool de LA ville du vin. Elle ne connaît pas les vins désalcoolisés mais après une petite dégustation au comptoir, la voici qui repart avec deux bouteilles, du blanc et du rouge. Agnès compte les offrir à son mari pour Noël et en profiter par la même occasion. « On a de plus en plus d’amis qui ne boivent pas d’alcool », pointe la sexagénaire.

« Pour les fêtes, beaucoup de gens achètent pour d’autres : un parent qui ne peut plus boire ou une femme enceinte, explique Anne Kettaneh, qui a cofondé Belles grappes avec son mari. J’espère qu’ils vont aussi goûter et se laisser séduire ». Ancienne professionnelle de la communication auprès d’un syndicat viticole, la fondatrice note que les vins désalcoolisés – sur lesquels une fermentation a eu lieu et dont l’alcool est ensuite retiré au sein d’une usine de désalcoolisation – sont les plus intéressants gustativement.

« On n’a pas le goût du vin mais on a les arômes, à condition que ce soit un très bon vin au départ », poursuit-elle. Et en la matière, elle n’entend pas faire de concession, sélectionnant rigoureusement les références de sa cave pour que les fruits et les tanins compensent la longueur en bouche procurée par l’alcool.

Pas obligés de choisir son camp

Mais alors que Noël et ses tablées approchent, quelles bouteilles ramener ? Pour ceux et celles qui ne veulent/peuvent pas consommer d’alcool ou qui voudraient alléger un peu leur consommation pour les fêtes, Anne Kettaneh livre ses conseils.

A l’apéro – « Les vins pétillants passent très bien à l’apéritif, ils apportent du corps et de la longueur en bouche. On peut les consommer seuls ou avec un petit bitter pour faire un spritz. » Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs un pétillant sans alcool qui a convaincu cette passionnée de vin de se lancer dans son projet.

Si on commence donc la soirée tranquillement avec des bulles, on peut profiter ensuite d’un rouge classique (alcoolisé) à table si l’on en est adepte. Car oui, : on n’est pas obligé de choisir son camp, et cela peut être une solution pour ne pas trop charger la barque.

Pour les huîtres et le foie gras – On report dans les vins désalcoolisés. Avec les huîtres, Anne Kettaneh recommande un sauvignon sec, tandis qu’un liquoreux fonctionnera bien avec le foie gras. Dans sa cave, on trouve des références de crus français mais aussi autrichiens et allemands, sachant que ces derniers « ont vingt ans d’avance » en matière de vins désalcoolisés.

Au repas – Pour le plat de résistance, et les volailles festives ou plats en sauce attendus, elle préconise un Saint-Emilion du clos de Boüard, appelé prince Oscar. « Un vin autrichien supportera aussi tout à fait ce type d’accord », ajoute-t-elle.

Et pour le dessert ? Elle suggère sans hésitation un gewurztraminer avec son « explosion de fruits et de fleurs, et une belle longueur en bouche grâce à sa sucrosité ».

La jeunesse aux abonnés absents

Si les Bordeaux commencent à s’intéresser à ce marché du sans alcool, et ce dans le contexte d’un effondrement de la consommation de vin rouge et de l’arrachage d’une partie d’un vignoble devenu trop vaste, d’autres régions comme le Languedoc sont davantage en avance. Une unité de désalcoolisation « Bordeaux Families » s’est néanmoins installée il y a un an et demi, attestant d’un développement en cours.

Notre dossier sur la vitculture

Depuis l’ouverture il y a cinq semaines, la fondatrice de Belles grappes note déjà que les plus jeunes de ses clients s’intéressent davantage aux spiritueux et aux bières. Preuve que le petit ballon de rouge, même quand il est désalcoolisé, n’a définitivement plus la cote auprès de la jeunesse.