Est-ce que le blues de septembre existe ? « C’est juste la preuve qu’on a passé un bel été »

Après les vacances, certains ressentent un mélange de nostalgie, de lassitude et d’anxiété à l’idée de reprendre le travail. Une sorte de « blues de septembre », qui se manifeste au moment de ranger les valises, de quitter les apéros au soleil ou les soirées entre amis pour retrouver les réunions, les mails et la routine du bureau. Mais faut-il s’en inquiéter ? Est-ce un simple coup de mou passager ou le signe d’un malaise plus profond ? Adrien Chignard, psychologue du travail, décrypte ce phénomène et explique à 20 Minutes pourquoi il est, au contraire, parfaitement normal.
Est-ce que le « blues de septembre » existe ?
Oui, mais pas forcément pour les raisons qu’on imagine. Ce n’est pas tant l’arrivée de l’automne qui pèse, mais la fin brutale de moments agréables vécus pendant l’été. Après des vacances réussies, il est normal de ressentir une pointe de nostalgie : c’est la tristesse face à une joie passée. C’est une émotion paradoxale, car elle mêle regrets et reconnaissance. En clair, si vous ressentez ce blues, c’est surtout la preuve que vous avez vécu des instants précieux.
Est-ce que c’est grave de ressentir ça ?
Pas du tout. Le problème, c’est qu’on psychologise trop nos émotions. La vie n’est pas un état de grâce permanent : on s’ennuie, on traverse des hauts et des bas. Les émotions dites « négatives » ne sont pas mauvaises, elles sont simplement pénibles. Elles ont une fonction : la peur nous protège, la nostalgie nous rappelle ce qui compte vraiment pour nous. Ces moments de blues permettent de reprioriser : qu’est-ce qui, dans ma vie, mérite d’être préservé ? Est-ce que je veux continuer ce travail, ou investir davantage de temps avec mes proches ?
Comment surmonter ce blues ?
D’abord en l’acceptant, sans dramatiser. En parler avec ses proches, se remémorer ensemble les bons souvenirs permet de prolonger l’émotion et de la normaliser. Ensuite, en se projetant à nouveau. Notre cerveau a besoin de projets : un voyage, une activité, ou simplement donner une nouvelle saveur à sa fin d’année. L’idée n’est pas de remplir son agenda, mais de parsemer son quotidien de petites choses qui lui donnent du relief. Finalement, ce blues nous rappelle qu’il faut construire une vie qui mérite d’être vécue, bien au-delà du travail.

