Espace : C’est quoi la fusée Vega-C, petite sœur de 210 tonnes d’Ariane 6 ?
C’est son grand retour sur le pas de tir de Kourou, deux ans après l’échec de sa première mission commerciale, en décembre 2022. Vega-C, l’autre fusée européenne avec Ariane 6, doit emporter mercredi le satellite Sentinel-1C pour le programme d’observation de la Terre Copernicus de l’Union européenne.
Initialement prévu mardi, le décollage a été reporté à ce mercredi, 18h20 heure locale (21h20 GMT). Voici ce qu’il faut savoir sur Vega-C.
Qu’est-ce que Vega-C ?
Avec ses 35 mètres de haut et ses 210 tonnes, cette « petite » fusée est considérée comme la sœurette d’Ariane 6 (62 mètres). Vega-C peut emporter plus de 2,2 tonnes en orbite polaire (700 km) contre 1,5 tonne pour la précédente Vega, et peut ainsi embarquer des satellites plus imposants, mais aussi plus nombreux dans le cadre de lancements et de remplacement de constellations, allant des CubeSats d’un kilo jusqu’à une grande charge utile unique, en passant par les minisatellites.
Comme Vega, elle est composée de trois étages. Au sommet, le carénage de Vega-C mesure 3,3 mètres de diamètre et plus de 9 mètres de haut, soit le double en volume de la charge utile offerte par Vega. Fabriquée en composite fibre de carbone-polymère, cette structure protège les satellites des contraintes thermiques, acoustiques et aérodynamiques liées au décollage et à l’ascension dans l’atmosphère terrestre.
Mais la grande nouveauté de Vega-C se situe surtout au niveau du moteur du premier étage, le P120C, qui remplace le P80 de Vega, et qui va fournir une augmentation significative de la poussée au décollage. Au cours de ses deux minutes de fonctionnement, ce moteur délivre une poussée moyenne équivalente à la puissance de 15 moteurs d’avions de ligne. Surtout, le P120C fait double emploi, puisqu’il équipe aussi les boosters latéraux d’Ariane 6 (qui en possède deux ou quatre selon les versions) pour leur donner « leur impulsion principale ». Produit en série à plusieurs dizaines d’unités par an, le P120C permettra de rationaliser les coûts des deux programmes.
Si plusieurs pays européens participent à la conception de Vega-C, projet de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), l’industriel italien Avio en est le maître d’œuvre.
Pourquoi ce lancement de Vega-C est-il si important ?
Si Ariane 6 a concentré toutes les attentions ces derniers mois, jusqu’à son vol inaugural réussi en juillet dernier, Vega-C n’en est pas moins primordiale dans « le rétablissement de l’autonomie de l’Europe en matière d’accès à l’espace », indique l’ESA. Vega-C et Ariane 6 sont effectivement les deux lanceurs souverains et complémentaires disponibles pour les puissances publiques européennes.
Vega-C permet d’envoyer des petits satellites en orbite basse, alors qu’Ariane 6 est conçue pour déployer des satellites plus gros en orbite basse et des moins gros dans des orbites plus élevées ou des constellations de satellites.
Pourquoi le lancement de Vega-C avait-il échoué en décembre 2022 ?
Le 20 décembre 2022, Arianespace annonçait la perte de la mission Vega-C après son lancement depuis Kourou. La mission emportait deux charges utiles : les satellites d’observation de la Terre Pléiades Neo 5 et 6 pour Airbus Defence and Space, détruits avec le lanceur. Une commission d’enquête avait estimé qu’une « baisse progressive de la pression a été observée après le décollage, conduisant à la perte de la mission ».
Les investigations concluaient que la cause de l’échec était « un défaut d’homogénéité d’un matériau de la tuyère Zefiro 40 [qui équipe le deuxième étage du lanceur], acheté en Ukraine. » L’ESA a depuis travaillé pour régler le problème, qui semble désormais résolu. « On a changé le matériel, on est revenu sur un matériel français d’ArianeGroup », indiquait en août dernier à 20 Minutes Stefano Bianchi, responsable des programmes de vol à l’Agence spatiale européenne.
Quels types de satellites ce lanceur va-t-il emporter ?
Essentiellement des satellites d’observation de la Terre, qui vont représenter 80 à 90 % du marché de Vega-C. Mercredi, elle emportera ainsi le satellite Sentinel-1C, un élément fondamental pour le programme européen Copernicus, qui fournit des données et services d’observation de la planète de façon permanente au profit des pouvoirs publics, des entreprises et des habitants. Il faut deux satellites pour cette mission, or celui déjà en orbite, le Sentinel 1B, « est tombé en panne », selon Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial de l’ESA. Selon lui, quatre lancements de Vega-C sont prévus l’année prochaine et cinq en 2026.
Les développements futurs étendront les capacités de Vega-C pour inclure les opérations en orbite et les missions de retour utilisant Space Rider, la mini-navette spatiale européenne non habitée qui doit servir à réaliser des expériences dans l’espace, et les faire revenir sur Terre.