Envoi gratuit de lettres ce jeudi : respecter une condition.
Le troisième jeudi du mois de novembre est la Journée mondiale du faux timbre d’artiste (JMFTA), initiée en 2010 par Tony Mazzocchin. Cette année, le mot d’ordre est : « Choisissez votre destinataire ».
Pour les passionnés de vin, le troisième jeudi de novembre est une fête dédiée au Beaujolais nouveau. Cependant, pour les amateurs d’art postal, cette date revêt une signification particulière, car elle marque la Journée mondiale du faux timbre d’artiste (JMFTA).
Le principe est facile à comprendre : il suffit d’envoyer des enveloppes ornées de faux timbres créatifs et personnalisés, en lieu et place de timbres officiels, et d’indiquer « 16e JMFTA ». Cette initiative, lancée en 2010 par Tony Mazzocchin, artiste plasticien et ancien restaurateur, a pour but de promouvoir le « mail art », ou art postal en version française.
Cette discipline artistique consiste à embellir lettres et enveloppes. Des poètes tels que Victor Hugo ou Stéphane Mallarmé l’ont pratiquée, et au fil de l’histoire, ces correspondances créatives ont également été investies par les mouvements surréaliste, dadaïste et futuriste. « Il y a beaucoup de facettes », explique Tony Mazzocchin à 20 Minutes. « Vous pouvez utiliser n’importe quel média, que ce soit de la photographie, du collage, de la peinture, des objets, des écritures… Cela peut être drôle, parfois provoquant. » Une seule contrainte pour cette correspondance artistique : la lettre doit être envoyée par les services de La Poste pour être tamponnée et distribuée, sans quoi elle ne compte pas.
Tony Mazzocchin a découvert le « mail art » grâce à un de ses clients, ancien postier, alors qu’il travaillait dans son restaurant en Suisse. Il tient un blog, « Poste nomade », semblable à une « boîte aux lettres » dédiée au sujet. L’artiste lance la JMFTA en 2010, alors qu’il enseigne cette forme d’art créatif dans un lycée hôtelier près de Grenoble. Immobilisé par une blessure, il demande à ses élèves de continuer cette correspondance, ce qui lui inspire l’idée de créer cette journée de liberté. « Il y a un côté généreux, les gens prennent plaisir à le faire et à personnaliser leur enveloppe, comme un tableau », confie-t-il.
Tony Mazzocchin n’a jamais sollicité La Poste, mais il affirme que l’institution collabore, distribuant régulièrement ces courriers non timbrés. « Il y a parfois des blocages, des soucis techniques, une surtaxe à payer », sourit-il. « Mais imaginez un postier dans un village qui reçoit d’un coup 500 lettres non timbrées ? Cela suscite des interrogations. » Chaque année, depuis la création de la JMFTA, le plasticien annonce une adresse à laquelle envoyer ces courriers créatifs. Cela peut être l’adresse d’un ami « mail artist » ou celle d’une institution, comme le Musée de la machine à écrire à Lausanne ou le MIAP (Micro musée international et indépendant de l’art postal) à Rencurel, en Isère.
Cette année, pour la première fois, le mot d’ordre est : « Choisissez votre destinataire ». Les artistes participants sont invités à transmettre par mail une photo de leurs créations pour enrichir le blog de Tony Mazzocchin, qui a déjà reçu environ 3.000 lettres au fil des années. « Les gens découvrent chaque année cette journée, c’est un stimulant », se réjouit-il. Il ajoute : « Il ne faut pas être spécialement un artiste. L’art postal, c’est accessible à tous. »

