Enquête pour viol, harcèlement sexuel… Retour sur l’affaire Léo Grasset 

C’est une affaire qui secoue la communauté des YouTubeurs. Ces influenceurs qui partagent des vidéos sur la plateforme, avec chacun leur petite spécialité. Parmi eux, Léo Grasset, qui cumule plus d’un million d’abonnés sur sa chaîne fait l’objet d’une enquête pour viol, a annoncé ce mardi le parquet de Paris. Il est également accusé de violences psychologiques et sexuelles. Le youtubeur dément les accusations révélées par le site d’investigation Mediapart. 20 Minutes revient sur cette affaire qui n’est pas sans rappeler les épisodes « #MeToo » qui ont bouleversé de nombreux secteurs, notamment culturels.

Qui est Léo Grasset ?

Léo Grasset est un youtubeur de 33 ans, suivi par 1,2 million d’abonnés sur sa chaîne YouTube « DirtyBiology ». Son créneau : la vulgarisation scientifique. Il aborde des sujets aussi diverses que l’intelligence artificielle, les dinosaures ou l’apnée. Sa première vidéo a été postée en 2014 et portait sur les dragons volants de la série Game Of Thrones. Ses vidéos ont du succès puisqu’elles cumulent parfois jusqu’à plus de deux millions de visionnages.

D’où vient la plainte ?

L’enquête pour viol a été ouverte mardi après une plainte visant l’influenceur, a indiqué le parquet de Paris, confirmant une information de Mediapart. Les investigations ont été confiées au 3e DPJ (district de police judiciaire), a précisé le parquet. Selon Mediapart, la plainte a été déposée jeudi dernier, le 24 novembre, par une étudiante en journalisme de 22 ans, prénommée Léa, selon le site d’investigation.

Il est par ailleurs visé par une enquête préliminaire du parquet de Lyon. Cette enquête a été ouverte à la suite d’une plainte pour harcèlement sexuel, déposée selon Mediapart fin juin par Clothilde Chamussy, qui anime la chaîne YouTube « Passé sauvage » (127.000 abonnés).

« Quatre autres femmes que nous avons interviewées depuis la fin juin font état de « problèmes de respect de leur consentement », mais également d’ »emprise » – des accusations d’une nature différente et pour lesquelles aucune n’envisage de porter plainte », ajoute le site dirigé par Edwy Plenel. Au total, pas moins de 13 femmes ont témoigné de faits de violences sexistes, psychologiques ou sexuelles contre Léo Grasset dans les colonnes de Mediapart.

A quand remonte l’affaire ?

Léa dénonce des faits remontant à la nuit du 1er au 2 novembre 2021. Dans la plainte consultée par Mediapart, l’étudiante en journalisme raconte une soirée alcoolisée pendant laquelle Léo Grasset aurait profité de l’état d’ébriété de la jeune femme. Emmenée dans la chambre d’hôtel du youtubeur, elle raconte s’être réveillée « en sentant des doigts dans [son] sexe au milieu de la nuit » et se rappelle avoir été « tétanisée ». A ce moment, Léo Grasset lui aurait demandé de se « détendre » et aurait commencé à la pénétrer. Elle se souvient être restée « immobile et muette ».

Que répond Léo Grasset ?

De son côté, Léo Grasset « conteste fermement les accusations » et « apportera ses réponses aux autorités judiciaires compétentes », a commenté auprès de l’AFP Me Fares Aidel, qui défend le youtubeur avec Me Camille Loyer. L’influenceur a également répondu aux accusations relayées par Mediapart dans une vidéo postée sur sa chaîne mi-novembre.

« J’ai une vie amoureuse parfois bordélique, et il m’arrive aussi de faire parfois des blagues de gros beauf mais cependant l’article dresse un portrait de moi qui est malhonnête ; il construit un personnage toxique à coups d’insinuations et de citations tronquées », y déclare-t-il, contestant notamment avoir violé une jeune femme en 2016. Il indique par ailleurs avoir « trompé », « menti », et évoque des « remords » pour « quelques années chaotiques ».

Qu’en pensent ses confrères youtubeurs ?

Depuis les premiers témoignages recueillis par Mediapart au mois de juin, de nombreux influenceurs de la plateforme de vidéos en ligne se sont saisis du sujet « Léo Grasset ». Plus récemment, la youtubeuse Manon Bril, plus connue sous son pseudo « C’est une autre histoire », a réagi sur Twitter. « Rendre une affaire comme celle-ci publique c’est non seulement éduquer la population […] mais aussi prévenir les autres concernées qu’elles ne sont pas seules », a-t-elle commenté. Et de poursuivre : « Je suis aussi immensément admirative de la force de toutes ces femmes qui ont parlé, encore bravo et merci. »

« On se tiendra à ses côtés, comme on le fait pour nous toutes et depuis le début », a pour sa part commenté à l’adresse de la plaignante Léa, Marine Périn, ou « Marinette ». Cette dernière a également témoigné auprès de la police de violences psychologiques et sexuelles de la part de Léo Grasset.