France

Énorme racket ou gain de temps ? Les péages à flux libre s’interrogent.

Plus de 200 contributeurs ont répondu à un appel à témoignages lancé sur les autoroutes à flux libre. Le péage à flux libre, installé sur les premières autoroutes A14 et A13 courant 2024, semble encore incompris par de nombreux utilisateurs.


Une pensée pour commencer cet article : Thierry et Kevin. Ces deux lecteurs, tout comme plus de 200 autres contributeurs, ont réagi à notre appel à témoignages lancé lundi concernant les autoroutes à flux libre. Parmi les retours, un gain direct : « C’est cet article qui, pour la première fois, m’a expliqué comment ça marche. Je pensais avoir affaire à des tronçons gratuits », a écrit Thierry à 20 Minutes. « Sans votre article, j’aurais oublié mon trajet de ce week-end entre Rennes et Deauville », a ajouté Kevin. Merci à vous, messieurs !

Le sujet semble captiver nos lecteurs. Entre ceux qui dénoncent une « arnaque », voire un complot, les sceptiques, les convaincus du début ou ceux qui relèvent des failles et suggèrent des améliorations au système, les mécontents sont les plus nombreux.

« Ça ne sert absolument pas à gagner un peu de temps mais à faire payer les automobilistes qui oublient de payer après leur passage. Ça doit rapporter beaucoup d’argent aux sociétés d’autoroute qui pratiquent ce racket ! C’est honteux tout simplement ! », s’indigne Michel, qui n’est pas isolé dans son avis. « Piège à touriste ou à quiconque n’utilisant pas ou très peu Internet. Tous les moyens sont bons pour se faire toujours plus d’argent […] Hors de question de me faire racketter ou de participer à cette escroquerie », ajoute Maxime.

« Encore un moyen de faire payer davantage, avec moins de frais », critique  »Padc », appuyé par Patrick. « C’est une escroquerie organisée avec l’aval des autorités. Comment peut-on recevoir une amende pour non-paiement alors qu’aucune facture n’a été émise ? Les sociétés d’autoroutes en profitent à tous les niveaux, sans facture à émettre. Encore des gains de productivité pour elles sur le dos des usagers et des contribuables. »

### « On a autre chose à penser »

De nombreux contributeurs expriment leur mécontentement concernant les délais de paiement, fixés à soixante-douze heures. « Se voir infliger une pénalité qui parfois double le montant du péage, voire davantage, pour un à trois jours de retard dans le règlement, parce que l’on a autre chose à penser lorsque l’on termine un trajet, c’est du vol ! C’est honteux et totalement anormal », s’énerve Pierre. « C’est une catastrophe, on ne sait pas combien on doit payer, l’information est insuffisante sur certains tronçons et nous nous sommes retrouvés coincés pour payer car en vacances sans smartphone et aucune indication comme quoi nous pouvons régler en bureau de tabac », complète Marion, qui a vu la note grimper… comme Charles.

« Un oubli fin juillet. Début août, je passe à 14 euros au lieu de 4. Puis le 23 août, c’est 94 euros au lieu de 4. Ces chiffres sont totalement disproportionnés. Les délais trop courts », déplore Charles. « Comme tout le monde (sic), j’ai reçu une majoration et même la double majoration car je ne savais même pas que j’avais emprunté une autoroute payante. J’ai payé 15 euros un péage à 1,5 euro et failli payer 150 euros de plus à un jour près », raconte Alex, qui aurait aimé recevoir une alerte. « Bref, s’ils peuvent nous envoyer l’amende, pourquoi ne pas nous envoyer la facture avant majoration ? »

Le système, encore nouveau, ayant été installé sur les premières autoroutes (A14 et A13) courant 2024, semble mal compris par de nombreux utilisateurs. Maxime ne dira pas le contraire. « Je l’ai emprunté une fois et je n’aime pas du tout. Cela rajoute une charge mentale et les chances d’oublier sont fortes, surtout quand on est seul au volant », critique-t-il, en mentionnant aussi ses parents qui « n’avaient pas saisi » la nécessité de payer.

### « La circulation est plus fluide »

« Le péage à flux libre est simple et efficace, comment est-il possible de ne pas comprendre comment ça fonctionne avec la pléthore de panneaux explicatifs sur l’autoroute ? », répond Gilles. « J’ai déjà emprunté plusieurs fois des autoroutes à flux libre et je n’ai jamais eu de problème. Les panneaux l’indiquant sont suffisamment visibles. Même si on n’a pas réussi à mémoriser le site en roulant, une simple recherche sur Internet nous le donne en quelques secondes. Les gens qui se prennent les majorations et amendes sont de mauvaise foi ou roulent les yeux fermés », ajoute Benjamin, aussi convaincu par la nouveauté.

« Je trouve cela super ! La circulation est plus fluide, même lors de gros week-ends. On gagne un temps fou », renchérit Liloi. « Pratique, rapide, on rentre sa plaque sur le site et zou, on n’en parle plus. Gain de temps incommensurable les jours de forte affluence avec moins de ralentissements », continue Justin. Et concernant la sécurité, Denis pense qu’il y a aussi un progrès. « Depuis des années, je peste contre ces péages qui constituent des zones d’accidents lors des périodes de vacances où tout le monde se retrouve coincé derrière ces Satanées barrières. Beaucoup changent de file de manière erratique », détaille-t-il. « Avec ces péages à flux libre, plus de bouchons, moins de stress lorsque l’on arrive au péage. Après, il faudra juste un peu de temps aux usagers non équipés d’un badge pour s’y habituer. Mais on ne devrait pas supprimer ce système, au contraire, il devrait être généralisé, ce qui va dans le sens de la sécurité. »

### Encore mieux avec un badge télépéage ?

Eric évoque la possibilité d’ajouter un « badge télépéage » pour éviter les démarches en ligne. « Si les automobilistes en ont un, il y a moins de problèmes, le flux libre supprime les bouchons, je suis pour ce système sur toutes les autoroutes de France », propose-t-il. Bruno a également franchi le pas. « Je prends régulièrement la RCEA (Moulins-Mâcon). Les premières fois, c’était un peu stressant, peur d’oublier de payer… Au final, j’ai pris un badge de télépéage, ça résout le problème. Certes, c’est payant, mais les 2 euros par mois d’utilisation valent largement ma tranquillité d’esprit et la fluidité sur la route. »

Cependant, le système rencontre encore quelques bugs signalés par nos lecteurs. Sandrine témoigne d’une mésaventure sur l’A14. « En juillet, une fois arrivée à destination, je me rends sur le site Internet de la Sanef via mon smartphone pour payer, mais on m’annonce que mon véhicule est en règle […] Rebelote le lendemain, toujours rien, les trois jours suivants non plus. J’ai fini par faire une capture d’écran pour me justifier si jamais un PV m’était envoyé. Et c’est exactement ce qui est arrivé quinze jours plus tard dans ma boîte aux lettres », raconte-t-elle.

### « Une honte »

Benoît note que lorsqu’on a une voiture de location dont on ne connaît pas l’immatriculation et qu’on suit le GPS en mission professionnelle, cela peut devenir très compliqué, surtout quand on fait ses notes de frais la semaine suivante. Françoise évoque, quant à elle, avoir été victime d’une tentative d’escroquerie en ligne à ce sujet. « J’ai reçu de faux mails affirmant qu’il fallait payer suite à une erreur technique, alors que j’avais déjà payé. »

Cécile soulève le problème des personnes vivant à l’étranger qui ne sont pas forcément au courant des nouveautés en France. « Lorsqu’on arrive, personne ne nous explique de quoi il retourne et nous ignorons qu’il faut payer quelque chose. Des mois plus tard, nous recevons un courrier avec une amende élevée (nous vivons en Amérique latine) car ils ne tiennent pas compte du temps que le courrier met à nous parvenir. Ce système est une honte », n’hésite-t-elle pas à dire.

Alors, ces péages à flux libre pourraient-ils être améliorés ? Les idées ne manquent pas ! « Je comprends ce nouveau système, mais donnez-nous la possibilité de payer à un guichet juste après le péage », propose Chris. « Pour ceux qui ne sont pas connectés, c’est problématique. Il faut courir après un buraliste et il y en a peu […] Il faut une alternative facile d’accès (un espace avec parking juste au niveau du péage) pour ceux qui ne veulent pas payer en ligne. » Etienne est également du même avis. « Pourquoi n’avoir pas laissé une voie pour les récalcitrants comme moi, qui refusent de payer un boîtier de télépéage ? Qui va payer pour tous les touristes qui ne parlent pas français ou qui refusent de payer ? », s’interroge-t-il.

« En Scandinavie, vous vous inscrivez sur un site, indiquez vos coordonnées, celles du véhicule et celles de la carte bancaire. La détection par caméra déclenche ensuite le prélèvement. Simple et efficace », rappelle Jean-Pierre.

Nos derniers articles sur le trafic routier soulignent que « le concept est certes moderne et pratique surtout avec un badge de télépéage. En revanche, les délais sont très courts, ce qui est un peu vicieux, et les amendes élevées. De plus, c’est aussi un moyen d’augmenter plus facilement et discrètement les prix des péages car il n’y a pas de transparence sur les tarifs », conclut Samir. Les péages à flux libre continuent de susciter des opinions divergentes.