Energies renouvelables : L’Assemblée se penche sur le projet de loi visant à rattraper le retard français

La France est en retard sur les énergies renouvelables (EnR). Le pays, qui s’est longtemps reposé sur la puissance de son parc nucléaire, a en effet généré en 2021 le quart de son électricité avec des renouvelables, une part plus faible qu’ailleurs en Europe. Pour inverser cette tendance, un projet de loi arrive ce lundi à l’Assemblée.
Pour ce texte, déjà adopté après retouches en première lecture par le Sénat et en commission par les députés, le gouvernement espère surtout convaincre à gauche, étant donné les fortes réticences des LR.
Emmanuel Macron se dit « confiant »
Après s’être appuyée sur la droite pour faire adopter ses précédents textes, la majorité change donc cette fois de pied avec ce projet de loi. Lors de l’examen en commission, « nous avons repris des propositions des députés, en particulier de gauche et de LIOT (Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires) », a fait valoir la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher dans le JDD.
L’exécutif invoque l’expérience du « compromis » trouvé au Sénat, où le texte a été largement adopté avec l’appui de la droite. « J’ai confiance dans la représentation nationale et je vois qu’un accord assez large a été trouvé au Sénat. Donc, je suis confiant », a assuré samedi au Parisien Emmanuel Macron.
Le chef de l’Etat a fixé les enjeux, à horizon 2050 : la multiplication par dix de la capacité de production d’énergie solaire afin de dépasser les 100 gigawatts (GW) et le déploiement de 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW. Pour l’heure, le solaire et l’éolien ne représentent que 19,3 % de la consommation finale brute d’énergie, déjà en deçà de l’objectif fixé en 2020 de 23 %, et la France reste encore trop dépendante des énergies fossiles importées.
Mais à l’Assemblée, les députés LR comptent réintroduire des mesures auxquelles le Sénat a en partie renoncé : un droit de veto des maires sur les nouveaux projets, ainsi que l’interdiction des éoliennes en mer à moins de 40 kilomètres des côtes. Le RN veut lui aussi contester le texte, par opposition aux éoliennes, des « énergies intermittentes qui nous rendent dépendants de la météo en plus d’être dépendants d’autres pays », selon le député Pierre Meurin.
WWF veut un accord
A gauche, les socialistes ont déjà fait part de leur regard « plutôt bienveillant » et les écologistes ne devraient pas voter contre, même s’ils affirment que le projet de loi « est encore largement insuffisant ». En signe de gage, Agnès Pannier-Runacher a assuré travailler « à la mise en place d’un médiateur des EnR, proposé par les écologistes ».
LFI a pour sa part déploré un projet de loi « loin du texte de planification écologique et d’écologie populaire dont le pays a besoin ». Côté ONG, WWF a appelé à « dépasser les postures partisanes » pour « trouver un accord ». Le secteur de l’éolien a pour sa part exhorté samedi les députés à amender « significativement » le texte pour « permettre à la France de répondre à ses propres besoins énergétiques ».