France

Energie : Au « forum des jeunesses » organisé par le gouvernement, « on espère être entendus »

Ils sont venus de Perpignan, des Yvelines ou de Martinique : 200 jeunes gens sont réunis quatre jours par le gouvernement pour s’exprimer sur les choix énergétiques de demain, avec l’espoir, somme toute modéré, que leur voix soit entendue. Ce « Forum des jeunesses » clôt une concertation publique sur l’énergie en France, engagée avant que le Parlement ne légifère sur le sujet, au mieux cet été.

Vendredi, Lionel, Victoire et les autres se sont retrouvés pour la 2e journée consécutive, dans une grande salle de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Autour des tables rondes, l’ambiance est studieuse, ce qui n’empêche pas les discussions de s’animer. La veille, ils ont entendu la climatologue Valérie Masson-Delmotte leur dresser le tableau des changements du climat, puis ils ont étudié les scénarios de transition énergétique qui permettraient à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

« On espère être entendus »

Désormais, place au débat sur la consommation d’énergie : comment freiner la fast fashion, réduire les besoins du bâtiment ou quelles alternatives à la voiture ? Avant un samedi consacré à la production : renouvelables, nucléaire… A chaque table, un facilitateur note et un expert, de l’Ademe, l’agence de la transition écologique, de l’association Négawatt ou encore du ministère de la Transition énergétique, répond aux questions.

« On se sent utiles, on espère être entendus », dit Aliciane Horvat, lycéenne perpignanaise de 18 ans, contactée à l’origine par l’Ifop. Maeva Guannel, une commerçante martiniquaise de 27 ans, a répondu à une annonce pour participer, pour faire entendre la voix des DOM, et répondre à « l’urgence climatique » : « il faut exploiter mieux nos ressources, prolonger la durée de vie des éoliennes, des panneaux solaires… »

« La Convention citoyenne sur le climat a été ignorée, pourquoi ne le serait-on pas ? »

Mais au sein de la diversité de profils rassemblés, une question est sur toutes les lèvres : à quoi ce forum sert-il ? « Le Sénat examine déjà un projet de loi sur l’accélération du nucléaire. Alors on a demandé « à quoi ça sert ? » » à la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, venue vendredi, raconte Tim Cécillon. « La Convention citoyenne sur le climat a été ignorée, pourquoi ne le serait-on pas ? », ajoute cet auto-entrepreneur de 24 ans, pour qui la jeunesse est « de plus en plus énervée » : « On connaît l’urgence. Mais pourquoi ne fait-on rien ? Pourquoi demande-t-on à des jeunes, quand on a les solutions ? »

En 2020, la plupart des recommandations de la convention sur le climat n’avait pas été reprise. « On nous dit « on va vous écouter ». Cool ! Mais va-t-on être entendu ? », appuie Clément Olivier, un ingénieur d’Annecy de 27 ans, content malgré tout de « pouvoir discuter ». Pour Yves Marignac, de l’association pro-sobriété Négawatt, de tels échanges sont « essentiels, que le gouvernement en fasse quelque chose ou pas. Car la transition énergétique c’est le contraire de la technocratie : elle passe par une appropriation par chacun des enjeux et des solutions ».

Outre cette concertation gouvernementale, un débat public, sous égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), est en cours sur le projet de nouveaux réacteurs nucléaires d’EDF. Cette semaine les organisateurs de ce débat, dont la présidente de la CNDP Chantal Jouanno, se sont alarmés des discussions menées au Sénat qui voudrait décider de relancer l’atome avant d’avoir entendu les citoyens.

Sur LCI vendredi, Agnès Pannier-Runacher a assuré que le « débat a vocation à se faire avant qu’on prenne les décisions ». La ministre ira de nouveau rencontrer les participants du « Forum des jeunesses » dimanche. Des parlementaires sont également invités à venir en écouter les conclusions.