« Encore faudrait-il qu’on s’en rende compte… » Les riverains pas bouleversés par l’arrivée du Paris FC à Jean-Bouin
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À partir du mois d’août prochain, le Paris FC pourra regarder le PSG dans les yeux. Littéralement. On ne sait pas encore si le club racheté récemment par le groupe Arnault, et Red Bull, sera pensionnaire de Ligue 1 (actuellement deuxième en Ligue 2, le club est bien placé pour la montée) mais les deux clubs professionnels de la capitale joueront à un tir mal cadré l’un de l’autre.
Mercredi, le Paris FC a annoncé par la voie d’un communiqué de presse son déménagement dès la saison 2025-2026 au stade Jean-Bouin le temps de quelques saisons et d’adapter son stade Charléty aux normes de l’élite du football. Deux clubs, ça veut dire deux fois plus de matchs à vivre… pour les riverains du quartier d’Auteuil qui borde le stade.
« Beaucoup de bruit et d’agitation »
« Mais c’est pas possible ! Ils vont nous embêter deux fois plus avec ça ! ». Quand nous lui apprenons la nouvelle (et l’existence du Paris FC par la même occasion), Amel, 77 ans, ne cache pas son désarroi. Elle qui habite le quartier depuis 1964 a vu le PSG arriver dix ans plus tard mais n’a jamais aimé les soirs de matchs. Les « milliers de personnes qui crient, laissent des déchets partout avec leurs accoutrements ridicules », elle ne s’y est jamais faite et désespère à l’idée d’avoir droit à une double peine.
Hina non plus ne goûte pas l’annonce. Cette Japonaise, habitante de la rue Marcel Loyau, explique les contraintes que cela impose : « A chaque match, tout le quartier est bouclé et il y a un monde fou. Il faut prendre ses dispositions à chaque fois, aller garer sa voiture loin plusieurs heures à l’avance, parfois même la veille, si on veut pouvoir sortir. Et puis ça fait beaucoup de bruit et d’agitation. »
Pas de réelle inquiétude
Si les deux femmes ne sont pas les seules à ne pas goûter l’annonce, la majorité des habitants vivent cela avec fatalité voire avec flegme. C’est le cas d’Eloïse qui témoigne depuis son balcon de la rue de la Tourelle parallèle aux deux stades : « Quand on aménage ici, on est au courant de toute façon. Il y a déjà le PSG et le Stade Français (le club de rugby qui joue au stade Jean-Bouin – NDLR) donc un de plus ou un de moins… »
« Encore faudrait-il qu’on se rende compte qu’il y a un match du Paris FC », rigole Bernard en sortant de son SUV garé le long du Parc des Princes. Avec son écharpe du club autour du cou, il ne peut trahir sa passion pour le PSG. « Plus sérieusement, ce n’est pas un club qui draine beaucoup de supporters donc je ne crois pas que ce soit un problème », explique ce quinquagénaire qui voit même d’un bon œil de possibles futurs derbys. « On était la seule grande ville européenne à ne pas en avoir, au contraire, je trouve ça sympa, et même cocasse vu la proximité des deux stades. »
Enfin un vrai derby
Autre paramètre qui amuse le supporter taquin : « Ils vont faire quoi de la boutique (officielle du PSG qui se trouve… dans le stade Jean-Bouin) ? On peut la laisser là hein, on vend déjà leur maillot », éclate-t-il de rire en faisant référence au nouveau maillot du club qui ressemble trait pour trait à celui du Paris FC.
Il pointe tout de même une petite inquiétude : les risques d’affrontements entre supporters des deux clubs. « Ce serait dommage que le quartier devienne un lieu de rendez-vous pour se mettre sur la tronche » précise-t-il en rappelant que certains « ultras » du Paris FC sont d’anciens du PSG partis déçus et revanchards après l’application du plan Leproux.
« Il n’y aurait pas match vu la différence du nombre de supporters » commente José qui vit dans le quartier depuis dix ans. Même si cela pourrait l’amuser, lui qui vit à côté des deux stades de voir des supporters parisiens s’affronter. Parce que oui… José est supporter de l’OM ! « En réalité, je n’ai pas peur du tout. Niveau sécurité, ils mettent le paquet. En dix ans, je n’ai jamais vu un incident. Et puis nous, entre le PSG, le Stade Français et Roland-Garros, on est habitué donc ça ne change rien », conclut-il. « Ah si ! Juste un peu plus de télétravail pour moi. »
Quelques locataires semblent même ravis. Emilie d’abord. Employée dans une agence de communication située rue Nungesser et Coli, dans le périmètre de sécurité les jours de matchs. Elle quitte en général le travail plus tôt. En fan de sport, il lui est même arrivé d’aller voir le PSG en sortant du bureau : « Mais les billets sont très chers. Donc si le Paris FC est plus abordable, j’irai voir des matchs plus souvent. Surtout si le PSG venait à déménager. On aurait déjà un remplaçant. »
Une animation qui comble même Nicky, habituée à promener ses chiens dans le jardin Guilbault situé exactement en face de l’entrée officielle du Parc des Princes et donnant une vue imprenable sur « Jean-Bouin » : « C’est un quartier beaucoup trop calme ici. Je dirais même mort ! Alors les matchs mettent de l’animation, de la joie, de la foule, de la musique. Si ça ne tenait qu’à moi, il y aurait des matchs tous les jours ! »