France

« En vivre, ce serait fou », Ktouf, espoir du rap, affûte son flow

« Y’a peut-être moyen que je fasse quelque chose, dans la musique ! » Y’a moyen, oui. Car s’il signait, demain, avec une grande maison de disques, Ktouf aurait déjà tout, ou presque. Ses textes sont déjà ultra-ciselés, ses sons très aboutis et son flow carrément efficace. « Je suis hyper perfectionniste, confie ce rappeur montpelliérain de 22 ans. J’ai le souci de la perfection, même s’il faut se casser la tête, et trouver davantage de financements. » En attendant qu’on le remarque, Ktouf se bat, micro à la main.

Ce vendredi (22 heures), Ktouf, vainqueur du tremplin de la Rap Académie Occitanie, se produira à la Halle Tropisme, au Yung Fest, le très prisé festival urbain de Montpellier (Hérault). « Mon objectif, là, tout de suite, ce n’est pas d’être le numéro 1, sourit Ktouf. C’est d’en vivre. Vivre de la musique, ce serait fou. » En attendant, il est livreur, « pour faire un peu de sous ». Mais Ktouf croit, dur comme fer, que son heure viendra.

« Depuis tout petit, chez moi, on fait de la musique »

Car la musique, c’est sa deuxième peau, depuis toujours. « Depuis tout petit, chez moi, on fait de la musique, confie-t-il. Ma sœur jouait du piano, ma mère du ukulélé… On a toujours baigné dans la musique. » Ktouf, lui, se passionne pour la guitare, adolescent. Mais rapidement, il lâche la gratte pour un style qui le démange encore un peu plus : le rap. En 2018, avec des amis d’enfance, il fonde Skwang, un groupe de musique urbaine, et monte sur ses premières scènes. « On a produit nos premiers sons à la maison, se souvient-il. On se mettait des instrumentales que l’on trouvait sur YouTube, on écrivait, on s’enregistrait sur Audacity… C’était juste un délire, on n’avait absolument aucune idée derrière la tête ! On était pressé que le week-end arrive pour s’y remettre. »

Petit à petit, les productions faites maison de Skwang, par la bande de copains d’enfance, font mouche. « Il y a eu un petit engouement, autour de nous. On était un boys band, en 2021 ! », se marre Ktouf, qui s’est, un temps, imaginé une carrière dans la cuisine, avant d’y renoncer. Car dans le hip-hop, le jeune artiste montpelliérain se plaît, tout de suite. « Y’a meilleur, hein ! », sourit-il. « Mais j’ai senti qu’il y avait quelque chose… »

« Petit, j’écoutais des chansons, je me disais « Comment c’est possible de créer de nouvelles choses ? » »

Mais l’année dernière, « le groupe s’est dessoudé », raconte l’artiste. L’un des membres a déménagé, un autre s’est engagé dans l’Armée… Et Ktouf a continué sa route, seul. Mais il a rapidement produit des titres, comme Style, Poème, Plume ou Verif, ultra-prometteurs.

Ça sonne très actuel, mais c’est aussi bardé d’influences, comme le RnB qu’il ponçait, quand il était adolescent, les musiques arabes qu’écoutait sa maman, les rythmes africains… « Tout ça, c’est en moi », sourit-il. Un premier EP solo de 7 titres, Key, sortira, ce vendredi, pour sa première au Yung Fest. « Je me souviens, petit, j’écoutais des chansons, et je me disais « Mais comment c’est possible de créer de nouvelles choses ? », se souvient le jeune artiste. C’est marrant de se dire qu’aujourd’hui, j’y suis arrivé. »

Tout le programme du Yung Fest, c’est par ici.