EN IMAGES Procès des viols de Mazan : Collages, stickers… A Avignon, les murs donnent de la voix (et soutiennent Gisèle Pelicot)
Alexandre VellaPublié le 27/11/2024 à 14h59 • Mis à jour le 27/11/2024 à 15h09
A Avignon,
Dominique Pelicot est jugé depuis le 2 septembre dernier pour avoir violé et livré à des dizaines d’hommes recrutés sur Internet son ex-femme, droguée. La septuagénaire est devenue une icône de la cause féministe depuis sa décision de refuser le huis clos au premier jour de ce procès hors norme. Et depuis, à Avignon, les débats ont largement débordé de la salle d’audience de la cour criminelle du Vaucluse.
Depuis bientôt trois mois, les murs et remparts de la Cité des Papes voient fleurir affiches, banderoles et collages venant à la rescousse de Gisèle Pelicot… et à toutes les femmes victimes de violences.
Sur ces murs donc, des messages qui réclament la fermeté du tribunal ou des collages qui exposent les paroles de certains des accusés. Parmi eux, le « vingt ans pour chacun » a conduit ce mercredi un avocat de la défense soulever la question de l’atteinte à la présomption d’innocence. Il a demandé son retrait et menace de poursuites à l’encontre de ceux et celles qui ont réalisé le collage.
Apparue au moment des premières réquisitions, cette banderole, visible depuis le parvis du palais de justice d’Avignon, a provoqué la colère d’un avocat de la défense estimant que celle-ci portait atteinte à la présomption d’innocence.
Sur les murs de la ville, certaines paroles d’accusés ont été affichées. Elles se décollent avec le temps ou sont parfois arrachées. Ici, « J’ai violé à contrecœur »
Sur une armoire protégeant un système d’écluse intégré aux remparts d’Avignon des textes, rédigés par des hommes et des femmes, intitulés « mots pour Gisèle » ont été glissés dans des pochettes transparentes.
«C’est un viol involontaire », une phrase prononcée par un des accusés lors de son audition, a été partiellement arrachée.
«Gisèle, les femmes te remercient. » Ce collage figure sur un mur visible sitôt traversé le boulevard séparant le Palais de justice d’Avignon des remparts de la vieille ville.
«C’est un viol mais je n’ai pas violé »… Cette phrase, collée dans une des rues de la vieille ville, vise à montrer la compréhension problématique de certains des accusés des faits qui leur sont reprochés.
Sur le poteau d’un lampadaire situé à l’entrée du tribunal, un sticker artisanal : « cinquante et un violeurs. Nous voulons les peines maximales pour chacun. »
La lutte pour la liberté d’expression et la libération de la parole autour des violences sexuelles se déroule aussi sur les murs. Sur celui-ci, celui de l’enceinte du tribunal, un message a été arraché.
«Bienvenue à nos sœurs en support à Gisèle », est-il écrit ici en catalan et en espagnol.
Sans doute, les deux messages les plus répétés sur les murs de la ville d’Avignon alors qu’après avoir requis des peines de quatre à vingt ans de prison contre les 51 accusés au procès des viols de Mazan, l’accusation s’est « tournée vers l’avenir » mercredi 27 novembre 2024, espérant que le verdict attendu en décembre sera « un message d’espoir aux victimes de violences sexuelles ».
Dans cette rue, nous pouvons lire une phrase prononcée par Gisèle Pelicot : « depuis que je suis arrivée dans cette salle d’audience, je me sens humiliée ».
Voilà un collage apparu dès les premiers jours du procès dans une ruelle de la vieille ville, peu après que Gisèle Pelicot a refusé le huis clos : « on la disait brisée, c’est une combattante Gisèle. »