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En Grèce, malgré sa victoire aux législatives, Mitsotakis veut plus encore

Un « séisme politique »… C’est en ces termes que Kyriakos Mitsotakis, le Premier ministre grec sortant, qualifie la victoire de la droite obtenue dimanche aux législatives, en Grèce. Grand vainqueur de ces élections qui visaient à renouveler les 300 sièges du parlement monocaméral, la Nouvelle Démocratie, le parti de Mitsotakis, a recueilli 40,8 % des suffrages, selon des résultats définitifs.

Son principal rival, le parti Syriza de l’ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras, qui incarna l’espoir de la gauche radicale en Europe lors de son accession au pouvoir en 2015, a essuyé un sévère revers avec 20 % des voix. Il devance le parti socialiste Pasok-Kinal qui s’adjuge 11,5 % des suffrages.

La plus nette victoire pour un parti depuis 1974

Le journal progouvernemental Proto Thema relevait ainsi que l’écart de 20 points entre les deux principales formations était le plus grand depuis le retour de la démocratie en Grèce en 1974. Aux commandes de la Grèce depuis 2019, le dirigeant de 55 ans, conservateur libéral, a donné un coup de fouet à une économie encore en convalescence à son arrivée au pouvoir après la débâcle financière et les plans de sauvetage. Chômage en baisse, croissance de près de 6 % l’an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l’économie grecque a effectivement repris des couleurs après les années de crise et de plans de sauvetage.

La situation reste pourtant fragile. La baisse du pouvoir d’achat et les difficultés à boucler les fins de mois demeurent les principales préoccupations des Grecs qui doivent composer avec des bas salaires. L’an dernier, l’inflation a frôlé les 10 % aggravant encore les difficultés. Et le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170 % de son PIB. Et puis, Kyriakos Mitsotakis a ses contempteurs qui lui reprochent une dérive autoritaire. Son mandat a été émaillé de scandales, des écoutes illégales aux refoulements de migrants en passant par les violences policières. S’ajoute l’accident ferroviaire du 1er mars dernier, dans le centre de la Grèce, qui a fait 57 morts et déclenché une vague de colère dans le pays. Kyriakos Mitsotakis s’était retrouvé alors dans la tourmente, étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de cette catastrophe.

Kyriakos Mitsotakis veut la majorité absolue

Dans ce contexte, le Premier ministre sortant reconnaissait lui-même que « la grande victoire » de ce dimanche avait dépassé [ses] propres attentes ». Kyriakos Mitsotakis ne veut pas s’arrêter là pour autant. Car malgré l’ampleur de sa victoire, le dirigeant de 55 ans, aux commandes de la Grèce depuis 2019, rate de peu la majorité absolue : son camp obtient 145 sièges de députés. Il lui en fallait six de plus pour pouvoir former un gouvernement seul.

Or dans un pays où la culture politique est peu portée sur la recherche de compromis, il a exclu de constituer un gouvernement de coalition. Autrement dit, la Grèce se dirige ce lundi vers de nouvelles élections législatives qui pourraient se tenir fin juin ou début juillet. « Peut-être le 25 juin », glisse Kyriakos Mitsotakis, ce lundi matin. « Le plus vite possible » indique-t-il en tout cas, lors d’une rencontre avec la présidente de la République, Katerina Sakellaropoulou. Le prochain scrutin se déroulera selon un système électoral différent. Le parti vainqueur obtiendra alors un « bonus » pouvant aller jusqu’à 50 sièges. De quoi lui garantir une majorité absolue, selon ses calculs.