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En France, l’activité économique attendue « en légère hausse » au deuxième trimestre

Une croissance légère mais une croissance quand même. L’activité économique française devrait continuer de progresser légèrement au deuxième trimestre alors que les prix amorcent un relâchement dans l’industrie pour la première fois depuis la crise du Covid, a indiqué mercredi la Banque de France. Entre avril et juin, le produit intérieur brut (PIB) serait « en légère hausse » par rapport au premier trimestre où il avait augmenté de 0,2 %, selon la banque centrale.

« En avril, l’activité a progressé dans les trois grands secteurs : industrie, services et bâtiment », a indiqué Olivier Garnier, directeur général des statistiques, des études et de l’international à la Banque de France en présentant l’enquête mensuelle de conjoncture de l’institution. Elle a profité notamment d’un effet rebond dans les secteurs touchés par les grèves contre la réforme des retraites en mars, comme les transports et l’énergie. L’activité se stabiliserait ensuite en mai dans les services, tandis que l’industrie et le bâtiment se replieraient, des anticipations attribuables pour partie aux congés plus nombreux ce mois-là.

Baisse des prix des matières premières

Pour l’ensemble de l’année, la Banque de France table toujours sur une croissance du PIB de 0,6 %, inférieure à celle prévue par le gouvernement (1 %) et bien moindre que celle de 2,6 % enregistrée en 2022. « L’automne dernier, on craignait une récession à la suite de l’invasion de l’Ukraine, c’est une bonne nouvelle de n’avoir que ce ralentissement », a déclaré mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien aux journaux régionaux du groupe Ebra.

Dans un contexte d’inflation qui reste élevée, au plus haut en près de quatre décennies, cette modeste résistance de la croissance s’accompagne pour la première fois depuis l’été 2020 d’un relâchement des prix dans l’industrie. Les industriels estiment que les prix sont en baisse pour les matières premières et se stabilisent pour les produits finis, selon l’enquête de conjoncture menée auprès d’environ 8.500 entreprises du 26 avril au 4 mai. « On voit clairement un changement de tendance du côté des prix à la production dans le secteur manufacturier », a expliqué M. Garnier. « Ce n’est pas encore le cas du côté des prix de vente dans les services et le bâtiment, mais ceci tend à conforter notre scénario d’un début de repli de l’inflation, au niveau des prix à la consommation, au cours du deuxième semestre de l’année 2023 », a-t-il estimé.

L’inflation « en train de passer son pic »

Dans la presse régionale, le gouverneur de l’institution, François Villeroy de Galhau, a estimé que l’inflation était « en train de passer son pic ». La hausse des prix à la consommation a atteint 5,9 % sur un an en avril, selon l’Institut national de la statistique (Insee), désormais nourrie par les prix de l’alimentation qui connaissent des envolées à deux chiffres et ont supplanté l’énergie comme son principal moteur. La Banque de France estime qu’elle devrait reculer à 4 % fin 2023 puis revenir aux alentours de 2 % d’ici fin 2024 ou 2025, sous l’effet également des remontées de taux d’intérêt décidées par la Banque centrale européenne (BCE).

« Il va se passer normalement sur l’inflation alimentaire ce qui s’est passé sur l’inflation énergétique : le retournement des prix mondiaux, en l’occurrence des prix agricoles, doit avoir un effet sur les prix à la consommation avec quelques trimestres de retard, avec donc un ralentissement significatif de l’inflation alimentaire au cours du deuxième semestre », a déclaré son gouverneur.

Le gros des difficultés est derrière

Afin de les pousser à répercuter plus rapidement les baisses de certaines matières premières, le ministère de l’Economie réunit jeudi les poids lourds de la distribution. Une réunion est prévue ultérieurement avec les industriels.

Parmi les chefs d’entreprise interrogés par l’enquête de conjoncture, 13 % ont dit avoir augmenté leurs prix de vente dans l’industrie en avril, bien moins qu’un an plus tôt (49 %). Dans l’agroalimentaire, la proportion a chuté de 53 % à 19 % en un an. Une embellie pointe également sur le front des approvisionnements, qui avaient été fortement perturbés par la crise du Covid. « Dans l’industrie, le gros de ces difficultés est clairement derrière nous », a assuré Olivier Garnier.