En Corse, le pape refuse que la foi soit « instrumentalisée » par des groupes ayant « des attitudes d’exclusion »
L’avion du souverain pontife a atterri ce dimanche matin, à 8 heures 50 à l’aéroport d’Ajaccio. Le pape François est de passage en Corse pour une visite éclair qui doit s’achever aux alentours de 18 heures après qu’il se sera entretenu avec Emmanuel Macron.
Pour le pape, cette journée de visite historique s’annonce chargée. Il doit notamment célébrer une messe et saluer, en papamobile, les fidèles venus en masse.
Ce dimanche matin, au Palais des congrès d’Ajaccio, il s’est exprimé lors d’un congrès sur la piété populaire en Méditerranée. Il a défendu « un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique ».
Il souhaite ainsi une laïcité « capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace. »
Une pratique religieuse en déclin
Le pape a reconnu que la foi et la pratique sont en déclin en Europe, la Corse comptant pour sa part 80 % de catholiques pour 350.000 habitants, selon le Vatican.
Le souverain pontife met cependant en garde contre des analyses « hâtives » de ce déclin et les « jugements idéologiques qui opposent parfois, encore aujourd’hui, la culture chrétienne et la culture laïque ».
Concept inscrit dans la Constitution française, la laïcité suscite des débats passionnés en France, entre tenants d’une laïcité « libérale » où chacun peut faire valoir sa liberté de conscience tant que cela ne menace pas la liberté d’autrui, et partisans d’une laïcité « universaliste » visant à émanciper l’individu des récits religieux.
La vision « libérale » est régulièrement accusée de céder au communautarisme, la vision « universaliste » étant, elle, souvent critiquée comme un faux nez de l’islamophobie.
Le pape s’alarme du risque d’instrumentalisation de la piété
La laïcité a donné lieu à des polémiques ces dernières années en France, à la rentrée scolaire 2023 sur le port de l’abaya à l’école ou en décembre 2023 lors de l’allumage d’une bougie de Hanouka par le grand rabbin à l’Elysée.
S’il s’est par ailleurs réjoui de la vigueur de la piété populaire en Méditerranée, le pape s’est alarmé du « risque » qu’elle soit « contaminée » par des « croyances fatalistes ou superstitieuses » ou « instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique, en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d’exclusion ».
En Corse, un nouveau mouvement nationaliste d’extrême droite, Mossa Palatina, se targue de « réaffirmer la primauté du catholicisme » et assure que « la Corse ne sera jamais Lampedusa », cette île italienne où débarquent de nombreux migrants ayant traversé la Méditerranée. Un discours à l’opposé de celui du pape, qui défend l’accueil des migrants.