France

Emmanuel Macron annonce investissements et emplois industriels à Dunkerque

Emmanuel Macron le répète à l’envi : parmi ses grands objectifs, figure la réindustrialisation de la France. C’est sur ce thème que le chef de l’Etat a axé son déplacement à Dunkerque, qui a perdu 6.000 emplois industriels en 20 ans. « La mère des batailles elle commence dès maintenant », a lancé le chef de l’Etat dans l’usine d’Aluminium Dunkerque, tout en assumant son appel controversé à une « pause » des nouvelles normes environnementales européennes.

Au chapitre des annonces, le groupe taïwanais ProLogium va implanter dans la ville du Nord, érigée par l’Elysée en « symbole » d’un réveil industriel de la France, une « immense usine de batteries électriques » pour un investissement de 5,2 milliards et la création attendue de 3.000 emplois directs, s’est réjoui le président. L’entreprise avait déjà dévoilé son projet, mais Emmanuel Macron s’est réservé une autre annonce : le chinois XTC et le français Orano vont investir 1,5 milliard d’euros et créer 1.700 emplois dans un site lié aux batteries lithium, toujours à Dunkerque.

Des points marqués contre la concurrence américaine

Trois autres projets de « gigafactories » étaient déjà annoncés dans le nord de la France, transformant progressivement cette terre, longtemps en voie de désindustrialisation, en vallée de l’électrique en France. Le PDG de ProLogium Vincent Yang a reconnu que son entreprise avait un temps envisagé d’investir outre-Atlantique. « Les Etats-Unis ont l’IRA (Inflation reduction act), de très bonnes subventions », a-t-il dit à quelques journalistes en référence au plan colossal d’aides publiques voulu par Joe Biden pour soutenir l’industrie américaine à la faveur de la transition énergétique imposée par le changement climatique.

Mais le Taïwanais a finalement choisi la France notamment en raison de son énergie nucléaire. « Nous avons besoin d’une bonne électricité stable, peu chère et verte », a-t-il expliqué. Du petit-lait pour Emmanuel Macron, qui y voit la démonstration du bien-fondé de sa « stratégie du véhicule électrique » et du nucléaire. Et qui a bâti son plan pour accélérer la réindustrialisation du pays, présenté cette semaine, justement pour tenir le rythme face à Washington ainsi que face à la concurrence chinoise.

Engagement sur Valdunes

En première ligne pour que l’Europe riposte à ces politiques volontaristes sinon protectionnistes, le président avait dévoilé jeudi plusieurs mesures censées soutenir l’industrie française tout en la verdissant : un nouveau crédit d’impôt pour la production de batteries, éoliennes ou panneaux solaires censé générer 20 milliards d’euros d’investissements d’ici 2030, et une refonte du bonus pour l’achat d’une voiture électrique afin qu’il cible, indirectement, le « Made in Europe ».

Comme à chaque déplacement ces derniers temps, le chef de l’Etat était attendu par 200 à 300 manifestants parfois munis de casseroles. Des opposants à sa réforme des retraites, alors même qu’il tente de tourner la page de cette crise en réinvestissant le terrain économique. Mais aussi des salariés de Valdunes, dernier fabricant en France de roues de trains, lâché la semaine dernière par son actionnaire chinois. « Le ministre de l’Industrie sera à leurs côtés pour trouver un repreneur et une aide », a promis le chef de l’Etat dans une interview à La Voix du Nord publiée dans la soirée. « Ce n’est pas parce qu’on crée des emplois à côté qu’on ne va pas se battre jusqu’au dernier quart d’heure pour Valdunes. »