Emeutes à Los Angeles : C’est quoi au juste la Garde nationale envoyée par Trump ?

Alors que de vastes manifestations agitent Los Angeles (Californie) pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement fédéral, le président Donald Trump a ordonné le déploiement de plusieurs milliers de soldats de la Garde nationale, et ce sans l’accord du gouverneur Gavin Newsom.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Et pourquoi est-ce que son utilisation suscite autant de débats aux États-Unis ? 20 Minutes vous explique.
C’est une armée ? Une police ? Une réserve ?
La Garde nationale est une force militaire composée de « citoyens-soldats ». Cela veut dire que la plupart de ses membres exercent un métier civil à plein temps et ne revêtent l’uniforme que quelques semaines par an. Mais en cas de besoin, ils peuvent être mobilisés pour des missions militaires ou d’urgence plus longues.
Cette entité est divisée en deux branches : la Garde nationale de l’armée de terre et la Garde nationale de l’air. Ensemble, elles comptaient plus de 430.000 membres en 2023. Contrairement à l’armée, elle n’est pas sous le contrôle exclusif du gouvernement fédéral. Elle peut intervenir aussi bien à l’étranger, aux côtés des forces américaines, qu’à l’intérieur des États-Unis.
Qui décide de l’envoyer sur le terrain ?
C’est là que réside l’une de ses particularités : la Garde nationale dépend à la fois des gouverneurs des États et du président. Dans les situations courantes telles que des catastrophes naturelles ou des troubles locaux, ce sont les gouverneurs qui la mobilisent. Mais en cas de crise nationale ou de menace grave, le président peut « fédéraliser » la Garde, c’est-à-dire la placer sous son autorité directe.
Cette double chaîne de commandement reflète le système fédéral américain, au sein duquel les États ont une large autonomie. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine des tensions entre la Maison-Blanche et le gouverneur de Californie en ce moment même : Donald Trump a décidé de manière unilatérale de passer outre l’autorité locale et de déployer la Garde nationale. Une telle décision sans l’accord d’un gouverneur est extrêmement rare.
Elle sert à quoi, concrètement ?
Ses missions sont très variées. La Garde nationale intervient régulièrement lors de catastrophes naturelles : incendies géants, ouragans, inondations. Elle a été mobilisée lors de la pandémie de Covid-19 pour distribuer du matériel médical mais aussi pour encadrer certains centres de vaccination. Elle participe aussi à des missions militaires à l’étranger. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, elle a été envoyée en Afghanistan, en Irak, ou plus récemment en Europe de l’Est.
Elle joue un rôle important dans la collecte et l’analyse du renseignement militaire. La Garde nationale peut aussi être appelée pour des missions de maintien de l’ordre, et c’est là que les controverses commencent. En 2020, elle est déployée dans de nombreuses villes pour encadrer les manifestations après la mort de George Floyd. En 2021, elle protège le Capitole.
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Pourquoi fait-elle polémique ?
Contrairement à la police, la Garde nationale n’a pas, en principe, le pouvoir d’arrêter des individus. Elle peut protéger des bâtiments, contrôler les foules, escorter des convois ou appuyer les secours, mais ses membres ne peuvent pas mener d’interpellations ni instruire des infractions. Cela ne les empêche cependant pas d’être perçus comme une force d’intimidation, surtout lorsqu’ils patrouillent armés dans des zones civiles.
Si la loi américaine interdit normalement à l’armée d’intervenir sur le territoire national, la Garde nationale échappe quant à elle à cette règle. Mais lorsqu’elle est utilisée pour disperser des manifestations, comme à Los Angeles, certains y voient une dérive autoritaire.