« Elon Musk se sert de X pour ses propres objectifs », alerte le député Eric Bothorel
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Il a rejoint X, anciennement Twitter, en juillet 2010, l’année où le petit oiseau bleu a véritablement connu son envol. Même s’il est loin d’être le plus suivi, avec seulement 16.150 abonnés, Eric Bothorel est assurément l’un des plus actifs de l’Assemblée nationale sur le réseau social avec des posts et reposts quotidiens. A l’heure où de nombreux politiques ont décidé de fermer ou de mettre en veille leur compte, le député Renaissance de la 5e circonscription des Côtes-d’Armor n’a quant à lui pas prévu de quitter X. Mais il s’inquiète toutefois des dérives de la plateforme depuis son rachat par Elon Musk. Après un signalement le 12 janvier du député de la majorité, dans lequel il alertait sur les algorithmes biaisés du réseau social, une enquête a été ouverte par la section cyber du parquet de Paris sur le fonctionnement de X.
Que reprochez-vous exactement au réseau social X ?
Alors déjà le constat n’est pas nouveau car on reproche de longue date à X des carences en matière de modération. Et force est de constater que cela ne s’est guère amélioré depuis qu’Elon Musk a racheté la plateforme. Pour lutter contre les discours haineux et prosélytes, il y a pourtant des règlements européens qui existent comme le Digital Services Act (DSA) pour obliger les plateformes à modérer les contenus illicites mis en ligne. Mais on constate qu’il y a sur X une vision très souple de ce qui est haineux ou ne l’est pas. Je ne dis pas qu’il y a aucune modération et les équipes françaises font des efforts pour que la plateforme corresponde aux standards qui sont les nôtres. Mais ça ne va pas assez loin.
Vous pointez aussi du doigt le rôle joué par Elon Musk dans les dérives de sa plateforme…
L’arrivée d’Elon Musk a en effet été un vrai tournant. Le réseau X que l’on connaît aujourd’hui est très éloigné de ce que l’on a pu connaître. On a quelqu’un qui se sert de cet outil pour ses propres objectifs, on l’a bien vu lors de la campagne présidentielle américaine. Et il ne se cache pas désormais pour interférer dans le débat européen en soutenant ouvertement des formations d’extrême droite. Sa participation à un meeting de l’AfD en Allemagne, qui est un peu son laboratoire sur le continent européen, doit nous inquiéter en tant que français. Il y a plein d’indices qui laissent à penser qu’Elon Musk essaye d’influencer l’opinion et cela peut représenter un danger pour notre pays et notre démocratie.
Malgré ces dérives, vous êtes toujours sur X…
Alors déjà chacun fait ce qu’il veut. Mais est-ce qu’il faut quitter X ? Je ne le pense pas. Je ne suis pas partisan de cette politique de la chaise vide. Si on veut avoir un débat public équilibré, il faut que les idées contradictoires puissent se confronter. On verra aussi ce que deviendra Bluesky.
Qu’attendez-vous de cette enquête ?
Il ne m’appartient pas personnellement de qualifier pénalement les infractions qui pourraient être relevées. C’est maintenant le travail des enquêteurs.
Peut-on envisager une interdiction de X en France et en Europe comme cela a été le cas au Brésil ?
Cette possibilité que le signal soit coupé existe, on l’a déjà fait pour Russia Today. Mais avant d’interdire la plateforme, il existe d’autres sanctions pour non-respect du Digital Services Act avec de grosses amendes à la clé. La Commission européenne a mis du temps à réagir mais peut-être qu’elle finira par le faire un jour.
On parle aussi beaucoup d’intelligence artificielle avec le sommet qui se tient à Paris jusqu’à mardi. La France est-elle prête ?
Il ne faut déjà pas réduire l’IA aux seules intelligences artificielles génératives, comme quoi on serait très en retard par rapport à ChatGPT ou Gemini. Les annonces de Mistral Al montrent d’ailleurs que la technologie française peut damer le pion aux grands acteurs américains. Mais l’IA, c’est beaucoup plus large que ça. Et notre force, ce sont les infrastructures, les talents et les grandes écoles qui les forment, les mathématiciens… Contrairement à d’autres sujets où l’on a eu beaucoup de mal comme la data ou le cloud, la France n’a pas perdu le match et peut tirer son épingle du jeu, notamment dans la santé et l’imagerie médicale.