Elon Musk : Angleterre, Allemagne, Italie… Pourquoi le milliardaire déclare sa flamme à l’extrême droite européenne
Elon Musk cherche-t-il à étendre son influence outre-Atlantique ? Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’il multiplie les déclarations de soutien à des partis ou des personnalités européennes d’extrême droite.
Ce jeudi, il a ainsi appelé sur X à libérer le militant anglais d’extrême droite Tommy Robinson, incarcéré en Angleterre pour répétition de propos diffamatoires à l’encontre d’un réfugié syrien. Il s’en est pris en même temps au Premier ministre Keir Starmer, qu’il accuse de « diriger un Etat policier tyrannique ».
Au secours de l’extrême droite
Issu du mouvement hooligan, Tommy Robinson a déjà été condamné à plusieurs reprises et a fondé « l’European Defence League », un mouvement d’extrême droite islamophobe. Lors des émeutes anti-migrants de l’été dernier, il avait mis le feu aux poudres en propageant de fausses informations sur ses réseaux sociaux suivis par plus d’un million de personnes. Un personnage qu’Elon Musk a défendu à plusieurs reprises, affirmant que Robinson « dit la vérité » et qu’il est puni pour cela.
Et ce n’est pas un cas isolé. Il y a quelques semaines, on apprenait déjà que le milliardaire souhaite soutenir financièrement le parti d’extrême droite « Reform UK ». Il aurait rencontré le chef de cette formation, Nigel Farage, ancien porte-étendard du Brexit, à la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago. Dans un entretien à la BBC, Farage avouait être en « négociations ouvertes » avec Elon Musk (ce dimanche, le propriétaire de X et Tesla a lâché Nigel Farage en déclarant : « Le parti Reform a besoin d’un nouveau chef. Farage n’a pas ce qu’il faut », rapporte l’AFP). « De l’argent, de l’influence, voici ce qu’il peut apporter à ces mouvements d’extrême droite, affirme le politologue Jean-Yves Camus. Même si l’on reste pour l’instant dans un soutien assez virtuel ».
Musk fait son tour d’Europe
Si Jean-Yves Camus parle de « ces » mouvements au pluriel, c’est que le patron de Tesla a étendu son influence à d’autres pays comme l’Allemagne, et plus particulièrement son parti d’extrême droite l’AfD, surveillé par les services de renseignements allemands. Après de nombreux posts de soutien sur X, il a signé il y a quelques jours une tribune dans le quotidien Die Welt, titrée : « Pourquoi Elon Musk mise sur l’AfD ». Selon lui, le parti est « la dernière lueur d’espoir » dans un pays « au bord de l’effondrement économique et culturel ». Une prise de position qui secoue ce pays en pleine crise politique, après la dissolution du Parlement par Olaf Scholz.
Giorgia Meloni en Italie, Viktor Orban en Hongrie… Elon Musk tisse son réseau. Mais pour le politologue Erwan Lecoeur, ce n’est pas la première fois que les trumpistes tentent ces rapprochements : « En 2019, Steve Bannon avait déjà tenté de rapprocher les différents mouvements d’extrême droite européens ». Un échec, lié selon lui à une différence majeure de culture politique. « Aujourd’hui, Elon Musk reprend le même projet mais en passant à la vitesse supérieure ». Il incarne les mêmes thèmes que ces partis, défendant une « civilisation », des « valeurs » qui seraient mises en danger par le « wokisme » partout dans le monde.
Aujourd’hui les Etats-Unis, demain, l’Europe ?
Une fortune illimitée, un réseau social influent au creux de la main, le milliardaire pourrait-il influencer demain les élections en Europe ? « On doit plus que s’inquiéter, poursuit Erwan Lecoeur. On sait déjà qu’il existe un système d’influence, nourri de télévisions privées et de réseaux sociaux, qui est en train de gagner la bataille culturelle. La question, c’est combien de temps nous reste-t-il ? » Selon le politologue, l’autoritarisme qui progresse en Europe et dans le monde, marié à l’ultracapitalisme défendu par Elon Musk, va fortement influencer notre continent dans les prochaines années.
Mais pour Jean-Yves Camus, il ne faut pas céder à la panique : « Pourra-t-il continuer à être aussi présent médiatiquement à partir du moment où Donald Trump arrivera à la Maison-Blanche ? » [il sera alors chargé de « couper » dans l’administration américaine]. Profitant d’une fenêtre où le président élu en novembre doit attendre patiemment son investiture pour agir, Elon est aujourd’hui sous les projecteurs, mais pourrait bien être renvoyé en coulisses à compter du 20 janvier.
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Nos deux politologues s’attendent donc prochainement à une guerre d’ego au sommet du pouvoir américain. Guerre qui pourrait avoir des dommages collatéraux… en Europe.