Election américaine 2024 : Entre Donald Trump et Emmanuel Macron, faut-il s’attendre à des relations tendues ?
Il a été le premier chef d’Etat d’un grand pays occidental à saluer sa victoire. Emmanuel Macron a adressé mercredi matin sur X ses « félicitations » au « président Donald Trump », avant même que sa victoire soit officielle. Le président français s’est dit « prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années », de 2016 à 2020. Les deux hommes ont ensuite eu dans la soirée un « très bon échange de 25 minutes » par téléphone, selon des sources élyséennes, qui ont insisté sur le caractère « chaleureux » de l’échange. Mais les relations entre les deux dirigeants seront-elles aussi contrastées que lors du premier mandat ?
Des relations personnelles ambiguës
Emmanuel Macron va donc retrouver une vieille connaissance à la Maison-Blanche. On se souvient des opérations séduction et autres poignées de main viriles lors des premières rencontres entre les deux hommes. « Entre Emmanuel Macron et Donald Trump, il y a eu des hauts et des bas. Trump était quelqu’un qui, au rythme de ses tweets et de son humeur, soufflait le chaud et le froid, en fonction de sa propre humeur ou des problèmes qu’il affrontait », a résumé sur RMC ce mercredi Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et conseiller diplomatique du président français entre 2017 et 2019.
Si la relation n’a jamais été rompue, elle s’est rapidement dégradée entre les deux dirigeants. Les moqueries et les tweets assassins de Donald Trump cachaient en réalité de vraies divergences sur le plan diplomatique : du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le Climat de Paris, aux bisbilles sur l’Otan, en passant par les échecs diplomatiques français sur le nucléaire iranien, les taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, ou la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël par Washington. Un bilan jugé décevant côté français.
Des droits de douane en question
« Les États-Unis sont nos alliés et le resteront », a pourtant rappelé ce mercredi Maud Bregeon. « Le président français aura une relation exigeante avec le président Trump », a poursuivi la porte-parole du gouvernement à la sortie du Conseil des ministres, évoquant des « visions différentes sur bon nombre de sujets mais l’habitude de travailler ensemble ». L’entourage du président américain a d’ailleurs insisté mercredi soir sur le caractère « chaleureux » de l’entretien téléphonique, au nom de la relation nouée dès 2017. Simple élément de communication ?
Car la campagne américaine a montré que les tensions étaient toujours palpables Outre-Atlantique quand on évoque les relations avec la France. Donald Trump a plusieurs fois raillé Emmanuel Macron en meeting, n’hésitant pas à imiter le président et son french accent pour mieux se moquer de l’avoir fait plier en menaçant de taxer le vin et le champagne lors de son premier mandat. Le chantre de « l’American first » (l’Amérique d’abord) n’a d’ailleurs pas caché sa volonté de durcir de nouveau les droits de douane pour inciter les entreprises à relocaliser leur production aux Etats-Unis. Ce dossier, qui sera l’un des points chauds côté européen avec la guerre en Ukraine, pourrait rafraîchir encore davantage les relations bilatérales.
Un président français affaibli
Pas étonnant donc, de voir ce mercredi Emmanuel Macron annoncer très rapidement qu’il avait « échangé » avec le chancelier allemand Olaf Scholz. « Nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte », a-t-il affirmé sur le réseau social X. Le président de la République a appelé « un réveil stratégique européen », espérant que le Vieux continent réussira à s’accorder pour trouver des positions communes face aux Etats-Unis de Donald Trump.
S’il entend peser diplomatiquement, le locataire de l’Elysée est aujourd’hui bien plus affaibli que lors de son premier mandat. Sur la scène européenne, comme sur le plan national : « Macron n’est pas en mesure d’être pris au sérieux en bilatéral » depuis sa dissolution ratée de l’Assemblée nationale, puisque « nous ne savons pas qui gouvernera la France dans trois semaines, trois mois ou trois ans », résume à l’AFP François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique. A l’inverse, Donald Trumpe arrivera en janvier à la Maison Blanche fort d’un succès écrasant sur sa rivale Kamala Harris.