France

Education à la sexualité : Le programme définitif a été publié, sans la notion de « transphobie »

Le programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité a été publié au Bulletin officiel, avec quelques menues transformations. C’est la fin d’un long processus de discussion autour du contenu de ce programme, commencé en 2022 par l’ancien ministre Pap Ndiaye, qui avait missionné cette année-là le Conseil supérieur des programmes afin d’élaborer une proposition.

Sur le plan du contenu, peu de modifications par rapport à la dernière version votée en Conseil supérieur de l’éducation le 30 janvier. « On a retrouvé quasiment tout sauf une chose, le terme de transphobie n’apparaît pas du tout », fait remarquer Sandra Gaudillère, de la CGT Education.

La notion de transphobie apparaissait à partir de la classe de Troisième, dans l’objectif « Trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ». Parmi les notions abordées, doivent être enseignées à ce stade le fait de « savoir reconnaître une situation […] de violence ou de discrimination opérée sur le fondement notamment du sexe, de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ou de l’état de santé : homophobie et autres. » C’est ici qu’apparaissait la notion de transphobie, à côté de celle d’homophobie. Elle aurait disparu selon le ministère pour « alléger » la rédaction. « Il ne faudrait pas qu’un ou une collègue qui parle de transphobie soit attaquée par un parent », craint Sandra Gaudillère. « On est satisfaits, on regrette simplement le retrait de ce mot », commente Elisabeth Allain Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa.

Un des points qui posait problème portrait sur l’information aux familles. « Il n’est pas prévu d’informer à l’avance du jour où les séances auront lieu », a précisé le ministère, suivant en cela les demandes des syndicats, tout en rappelant que les parents seront bien informés en conseil d’école en début d’année du contenu du programme, par ailleurs disponible publiquement.

Les syndicats plutôt satisfaits des formations

Sur le plan des formations, un point important pour les syndicats, des ateliers seront disponibles pour deux ou trois personnes par circonscription et une personne par collège et par lycée. Une formation de deux journées en présentiel sera proposée aux personnels volontaires sur candidature individuelle dès l’année prochaine, également ouverte aux infirmiers et infirmières scolaires. Et un parcours d’autoformation est accessible sur la plateforme magistère. Même si la CGT Education n’est pas adepte de ce dernier type de formation, Sandra Gaudillère se montre plutôt satisfaite, estimant que « c’est difficile de faire mieux dans le contexte actuel » de restriction budgétaire. « Ce plan de formation nous convient », estime aussi Sébastien Vieille, secrétaire national du SNALC. Elisabeth Allain Moreno se demande pour sa part si ces formations de deux jours auront lieu sur du temps personnel : « Le budget formation a été amputé. Je ne vois pas comment les formations pourraient se faire sur le temps de service. Or ce type de formation devrait être obligatoire. »

Le ministère a rappelé, lors d’un point à destination de la presse, l’importance du programme, dans un contexte où chaque mois, un tiers des mineurs fréquentent des sites pornographiques (soit 2,3 millions) « un chiffre en croissance rapide au cours des dernières années », selon l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Et où près de 6 femmes sur 10 indiquent déjà avoir subi des blagues et remarques à caractère sexistes, selon le dernier rapport du Haut conseil à l’égalité. Mais le programme d’éducation à la sexualité fait aujourd’hui plutôt consensus : 88 % des Françaises et Français sont favorables à « un programme adapté à chaque classe d’âge pour comprendre les notions de consentement, de respect, pour appréhender son corps et celui des autres, la sexualité, prévenir les violences de genre », selon le HCE.