Ecologistes : Pourquoi Marine Tondelier a assisté au lancement d’un prix qui fait polémique
Elle s’était distinguée pour son travail assidu au Parlement européen mais également par des prises de position controversées, notamment sur la vaccination. Mardi, une dizaine de personnalités aux sensibilités écologistes, dont la secrétaire nationale du parti des Ecologistes, Marine Tondelier, ont annoncé le lancement du prix Michèle Rivasi, en hommage à l’ancienne eurodéputée morte il y a un an, en novembre 2023.
Le prix récompensera des lanceurs d’alerte et leurs actions. D’après nos informations, les modalités du prix ne sont pas encore définies. « L’idée, c’est de faire vivre la mémoire de Michèle, confie à 20 Minutes Marie-Christine Blandin, ancienne sénatrice et membre du jury du prix. C’est Serge Orru, le président de l’Académie du climat, qui a eu cette idée [de lui rendre hommage]. Comme Michèle était engagée sur la santé, sur l’environnement, sur la transparence des marchés publics, l’idée de faire un prix pour récompenser les lanceurs d’alerte c’était le plus naturel. »
Le jury réunit des personnalités qui ont partagé des combats avec l’ancienne eurodéputée, comme l’ancienne juge Eva Joly, dont Michèle Rivasi fut la porte-parole pendant la présidentielle de 2012, Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement qui avait lancé en 2002 un observatoire avec Michèle Rivasi, ou la réalisatrice Marie-Monique Robin, qui a réalisé un documentaire sur Monsanto.
« Pas un prix Ecologistes ! »
Marine Tondelier ne fait pas partie de ce jury et n’a pas participé à l’élaboration de ce projet, mais était présente à la conférence de presse de lancement du prix, mardi. Sur les réseaux sociaux, la présence de la secrétaire nationale du parti Les Ecologistes à un prix en hommage à Michèle Rivasi a interpellé. Cette dernière, femme de combat, a eu des déclarations classées antivaccin les dernières années de sa vie.
Marie-Christine Blandin explique : « Marine Tondelier est venue chaleureusement, elle connaissait bien Michèle Rivasi [Michèle Rivasi était une figure importante du parti, arrivée deuxième à la primaire de 2016 du parti pour désigner un candidat à la présidentielle]. Ça a pu donner l’impression d’un prix Ecologistes, mais ce n’est pas du tout un prix du parti ! »
Entre organisateurs, « on s’est dit que ce serait bien si on avait Marine Tondelier pour faire venir les grands médias, les journaux télévisés », complète l’ancienne sénatrice. Marie-Christine Blandin reconnaît en souriant que « de ce côté-là, c’est raté ! » En effet, aucune rédaction nationale n’avait fait le déplacement, peut-être faute d’en avoir été informée ? Etait en revanche présent Nexus, un magazine qui a récemment interviewé Thierry Casasnovas, un entrepreneur mis en examen en 2023 « pour abus de confiance, faux et usage de faux, exercice illégal de la médecine, exercice illégal de la pharmacie, pratiques commerciales trompeuses, abus de biens sociaux, blanchiment et abus de faiblesse ».
Michèle Rivasi se fait connaître en travaillant sur le nucléaire
Agrégée de biologie, Michèle Rivasi s’est fait connaître en 1986 en fondant la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité pour enquêter sur l’impact de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en France. Dans les années 1990, elle devient députée de la Drôme et continue notamment de travailler sur l’impact du nucléaire.
Elue en 2009 au Parlement européen, elle poursuit sa lutte au sujet du nucléaire et s’engage sur les questions de santé, en dénonçant notamment l’influence de lobbys pharmaceutiques. Avant sa mort, elle travaillait sur le dossier des SMS échangés entre Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Albert Bourla, le patron de Pfizer, en pleine crise du Covid-19.
Programmation d’un film controversé
Toutefois, sur la question des ondes, des vaccins, l’eurodéputée adopte des prises de position allant régulièrement à l’encontre des connaissances scientifiques.
En 2017, elle affirme à 20 Minutes ne pas être « antivaccin » en demandant un moratoire sur l’obligation, à partir de 2018, de vacciner les enfants avec onze vaccins. La même année, elle programme la projection à Bruxelles d’un film sur la vaccination réalisé par Andrew Wakefield, un Britannique qui s’est retrouvé au ban de la communauté scientifique après la publication d’une étude en 1998 suggérant un lien entre le vaccin ROR et l’autisme. L’étude a fini par être dépubliée et de nombreuses données ont depuis écarté tout lien entre ce vaccin et la survenue des troubles du sceptre autistique.
« Pas sur une erreur de parcours »
« On n’est pas sur une erreur de parcours, analyse auprès de 20 Minutes le journaliste Victor Mottin de Conspiracy Watch. Sur les vaccins, l’homéopathie, les compteurs Linky, Michèle Rivasi était à l’opposé du consensus scientifique. »
Et le journaliste de rappeler qu’en 2020, l’eurodéputée « a participé à une conférence avec des anthroposophes où on expliquait notamment que le cancer se soignait avec le gui, des propos antiscience et dangereux ». En 2021, la Miviludes faisait part « de témoignages troublants faisant étant de certaines dérives thérapeutiques dans les rangs de l’anthroposophie ».
La Commission santé d’Europe Ecologie-Les Verts avait à l’époque pris publiquement ses distances avec cette participation, en « rejetant toutes accointances avec le mouvement anthroposophique ». Michèle Rivasi avait ensuite expliqué ne pas soutenir « la médecine anthroposophique ».
Michèle Rivasi « posait les questions »
En 2021, Michèle Rivasi avait été reprise par le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, à cette époque Julien Bayou, pour avoir comparé l’extension du pass sanitaire à « l’apartheid ». Là encore, elle avait fini par présenter ses excuses.
Marie-Christine Blandin comprend que l’on puisse être « interpellé » par ces prises de position. Mais, explique-t-elle, Michèle Rivasi « était une femme de volonté, elle ne se cachait pas derrière son petit doigt. Ce n’était pas une femme antivaccin, c’est une femme qui s’est préoccupée aux côtés d’associations de l’aluminium dans les vaccins, des obligations vaccinales qui sont galopantes. » Pour l’ancienne sénatrice, Michèle Rivasi « posait les questions, ça ne reflète pas la justesse de sa position finale ». Contactés, Les Ecologistes n’ont pas répondu à nos sollicitations.
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