Ecole : L’Éducation nationale décommande 900.000 livres illustrés, l’auteur crie à la « censure »
Le ministère de l’Éducation nationale a annulé la distribution de 800.000 exemplaires illustrés du conte « La Belle et la Bête », destinés aux élèves de CM2 dans le cadre de l’opération annuelle « Un livre pour les vacances ».
L’auteur de cette version modernisée, Julien Berjeaux connu comme Jul, pour ses travaux sur Lucky Luke et Silex and the City, dénonce une « censure » motivée par des « prétextes fallacieux ».
Une version qui ne permet pas une lecture autonome
L’ouvrage, basé sur la version du conte rédigée par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1756, intégrait des éléments contemporains tels que les téléphones portables et les réseaux sociaux. Une illustration montrant le père de la Belle ivre, bouteille en main, chantant « Les Lacs du Connemara », a notamment suscité des critiques.
Selon une lettre du ministère signée par Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire, ces références ne permettraient pas une lecture en autonomie adaptée à des enfants de 10 à 11 ans et nécessiteraient un accompagnement pédagogique.
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Des « prétextes fallacieux et pour partie mensongers »
Jul réfute ces arguments et estime que la décision est avant tout politique. « Les prétextes fallacieux et pour partie mensongers invoqués pour justifier la censure ne tiennent pas la route une seconde devant l’examen du livre en question, espiègle, tendre et féerique », affirme-t-il dans un communiqué.
Il suggère que la véritable raison de cette annulation pourrait être « le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui ». Il va plus loin en évoquant une résistance du ministère face à une diversification des personnages, posant la question : « Le ‘grand remplacement’ des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? »

Une contradiction avec la position du ministère
Fait notable, la ministre Élisabeth Borne avait pourtant validé l’ouvrage en signant une préface louant « la touche malicieuse et le regard affûté de Jul, qui insufflent à ce conte une modernité nouvelle ». Une contradiction qui renforce les interrogations sur les véritables motivations de cette annulation.
L’annulation est intervenue à la veille du lancement de l’impression, qui devait atteindre 900.000 exemplaires. Selon Jul, « les éléments qui ont soulevé des critiques ont été pris en compte », contrairement à ce qu’affirme le ministère. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Éducation nationale n’a pas réagi dans l’immédiat, laissant planer le doute sur l’avenir de cette initiative lancée en 2018 et renouvelée chaque année.