FranceHigh-tech

Eclipse solaire : Ce qu’il faut faire et ne (surtout) pas faire pour l’observer samedi

Réservez votre samedi matin : entre 11 heures et 13 heures environ, la Lune viendra partiellement s’interposer entre le Soleil et la Terre, grignotant entre 10 à 30 % de l’astre en fonction des endroits de l’Hexagone où l’on se situe (pour connaître l’heure et le degré d’obscuration exacts chez vous, vous pouvez consulter la carte des circonstances locales sur le site de l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides).

Visible depuis la France si le ciel est dégagé, l’éclipse devrait offrir un spectacle magnifique, à condition de respecter certaines consignes pour éviter des lésions oculaires irréversibles. On fait un tour d’horizon des comportements à adopter ou à proscrire avec Olivier Las Vergnas, président de l’Association française d’astronomie (Afa).

Lunettes obligatoires

Ne faites pas comme Donald Trump, qui avait regardé (brièvement) l’éclipse du 22 août 2017 depuis le balcon de la Maison-Blanche… à l’œil nu. Un comportement à ne surtout pas reproduire, au risque de « se brûler la rétine de manière définitive », met en garde l’astronome. Pour profiter de l’événement samedi, le port de lunettes spécialement conçues pour les éclipses est indispensable.

On les trouve notamment dans les magasins spécialisés « comme la Maison de l’astronomie ou Nature & Découvertes », et dans les « magasins qui font de l’optique astronomique », précise Olivier Las Vergnas. On peut également en trouver en ligne, en prenant quelques précautions : « Il faut absolument vérifier que c’est marqué norme CE [ou norme ISO, la norme internationale de normalisation, et plus particulièrement la norme ISO 12312], et voir si un fabricant et un pays sont cités », poursuit le président de l’Afa. Ce dernier recommande « les sites raisonnables comme Amazon, Cdiscount et autres », et déconseille « les plateformes comme Temu ».

Niveau prix, « attention à ne pas acheter n’importe quoi à 50 euros : les lunettes pour éclipse sont à moins de 10 euros, et si elles sont à moins d’1 euro, c’est louche ».

Il est aussi possible de réutiliser d’anciennes lunettes, « si elles sont assez récentes et qu’elles ont été particulièrement bien protégées, c’est-à-dire qu’elles sont restées dans leur étui en plastique », précise l’astronome. Il faut en revanche s’assurer qu’elles ne sont pas abîmées, comme dans le cas où « on les [aurait] pliées ou mises dans sa poche avec des grains de sable, par exemple ». Pour vérifier que des lunettes sont utilisables, qu’elles soient neuves ou non, il faut bien s’assurer qu’elles sont « complètement opaques, sauf pour voir le soleil ».

Les fausses bonnes idées

Parmi les alternatives à bannir, on trouve au premier plan les lunettes de soleil, qui sont très loin de filtrer suffisamment les rayons lors d’une éclipse. Et si vous comptiez « empiler cinq paires de lunettes de soleil, c’est la rétine brûlée assurée », avertit Olivier Las Vergnas. Le président de l’Afa met également en garde contre « les méthodes artisanales » comme regarder le reflet de l’éclipse dans un seau d’eau, qui ne sont « pas assez fiables ».

L’observation à travers des jumelles ou un télescope est également à proscrire, même avec un filtre, pour ne pas endommager ses yeux et son matériel. « Il faut vraiment être spécialiste pour utiliser un télescope pendant une éclipse », développe l’astronome. Même chose avec un appareil photo, y compris celui d’un smartphone : « Il ne faut pas essayer de prendre une photo du Soleil éclipsé, sauf si vous avez un expert de la photo astronomique avec vous ».

L’alternative du carton percé

Si vous n’avez pas la possibilité (ou l’envie) de vous procurer des lunettes adaptées, il est possible d’observer le phénomène – ou plutôt sa projection – avec du carton. Olivier Las Vergnas conseille « d’en trouver un morceau d’environ un mètre sur un mètre, dans lequel on fait un petit trou avec une aiguille ». Il faut ensuite se mettre dos au soleil et placer ce carton entre soi-même et le mur (décalez-vous un peu, sinon vous « cacherez » la lumière). Ainsi, « on verra le disque solaire éclipsé projeté, avec l’échancrure ».

Avec cette méthode, pas besoin de lunettes pour regarder la projection, mais il faut bien faire attention à ne pas regarder le Soleil directement. Prendre en photo l’éclipse projetée sur la feuille ou le mur est sans danger.

Le plus important : profiter

Si vous souhaitez profiter du phénomène avec les explications de spécialistes, de nombreuses associations organisent des observations de l’éclipse. Pour en trouver une près de chez vous, vous pouvez consulter la carte disponible sur le site de l’Association française d’astronomie, qui en recense un grand nombre.

Que vous soyez seul, en famille ou entre amis, Olivier Las Vergnas promet un beau spectacle et se réjouit « d’avoir des rendez-vous célestes qui nous montrent à quel point la recherche scientifique est importante, au moment où il y a de plus en plus d’obscurantisme. C’est assez stimulant intellectuellement de se dire qu’on arrive à calculer des prévisions de tels événements aussi précises que ça ».

Notre dossier sur l’astronomie

Cette éclipse, en plus de « permettre de se secouer les neurones en se demandant ce qu’est ce phénomène », est également un très bon entraînement pour celle du 12 août 2026, qui sera quasiment totale en France et « beaucoup plus spectaculaire ». « C’est génial de voir un tiers du soleil qui disparaît, mais ça donne envie d’en avoir un peu plus. En 2026, au lieu de voir un bout du Soleil mangé, on verra une espèce de bague avec un diamant », prévoit le président de l’Afa. Un spectacle qui promet.