Dune du Pilat : Arrêt des travaux en urgence du Pyla Camping en raison d’un « risque d’atteinte irréversible » au site

La liste des travaux « non conformes » constatée est nombreuse. Patrick Davet, le maire LR de La Teste-de-Buch, sur le bassin d’Arcachon, a pris lundi 10 mars un arrêté exigeant l’arrêt « en urgence » des travaux de reconstruction du Pyla Camping, au pied de la dune du Pilat, en raison des « impacts environnementaux et paysagers particulièrement lourds sur un site classé » et du « risque d’atteinte irréversible au site classé de la dune du Pilat ».

Un arrêté qui tombe après plusieurs recours de la Coordination environnementale du Bassin d’Arcachon (Ceba), et des plaintes de l’opposant municipal Marc Muret (UDR), qui dénonçait depuis des semaines « le gigantisme de ce chantier », pointant notamment la création « de murs de soutènement en pierre, d’un terrassement étagé avec des paliers de cinq mètres, et la construction d’un bâtiment en dur qui atteindra quasiment onze mètres de hauteur. » L’opposant note que « l’arrêté du maire est très salé », mais remarque aussi qu’il a été pris « sur la demande du préfet. »

Des murs de soutènement « modifiant la topographie du terrain »

Il aura en effet fallu attendre le 25 février dernier et un contrôle par les services de l’État (DDTM et Dreal) des campings actuellement en reconstruction au pied de la dune, à la suite des incendies de l’été 2022, pour que les choses bougent, après des mois de polémique. Ces contrôles avaient porté « sur l’ensemble des projets de réhabilitation, en particulier les aménagements extérieurs et l’intégration des infrastructures dans le paysage ». « Des écarts entre les travaux et les autorisations délivrées ont pu être constatés » avait alors indiqué le préfet de la Gironde, qui précisait que ceux-ci seraient « verbalisés et signalés au parquet de Bordeaux. »

L’arrêté municipal pris hier par la commune, confirme que lors de ce contrôle, « les agents verbalisateurs ont constaté [au Pyla Camping] de nombreux travaux en cours non conformes au permis d’aménager délivré le 25 avril 2023 par le maire ». Ils concernent notamment « les exhaussements et des murs de soutènement », « la construction en cours du bâtiment d’accueil, du restaurant et du sanitaire, réalisés en béton alors qu’ils devaient être en ossature bois », « les tentes lodge en cours d’installation dont les caractéristiques sont assimilables à des Habitations légères de loisirs  », ou encore « la réalisation non autorisée d’un parking payant».

« Situation d’urgence »

Ces travaux sont ainsi constitutifs de nombreuses infractions du Code de l’urbanisme, et ne sont pas autorisés par le plan de prévention des risques d’avancée dunaire et de recul du trait de côte. Etant donné « la gravité des faits et l’impact considérable de ces travaux qui dégradent substantiellement le site classé de la dune du Pilat », la société MS Vacances, propriétaire et bénéficiaire des travaux, est ainsi mise en demeure « d’interrompre immédiatement » le chantier.

L’arrêté considère en effet une « situation d’urgence » après que « les agents verbalisateurs ont constaté que le chantier était très actif avec la présence de nombreux ouvriers et d’engins qui ont pour objectif de finaliser les travaux très rapidement, puisqu’il s’agit d’un préalable à l’ouverture du camping prévu au plus tard au mois de mai 2025 ».

C’est donc dans la toute dernière ligne droite que ce chantier va devoir s’interrompre. Pour rappel, le Pyla Camping avait été racheté en 2012 par l’ex-rugbyman Stéphane Carrella et le footballeur Mathieu Valbuena. Ces derniers avaient revendu l’établissement à l’été 2024 au groupe vendéen MS Vacances, propriétaire de nombreux campings en France. Les travaux de reconstruction après les incendies avaient alors déjà démarré.

« On a confondu vitesse et précipitation »

Des recours ont été déposés contre trois des cinq campings en reconstruction au pied de la dune, et d’autres contrôles seront menés dans le courant du mois de mars, prévient la préfecture. La question qui peut se poser aujourd’hui, est de savoir si l’on est allé trop vite. Le 20 juillet 2022, soit juste après les incendies qui ont ravagé la forêt usagère de La Teste située au pied de la dune, et qui ont détruit les campings, Emmanuel Macron s’était rendu sur place et avait promis de « reconstruire très vite ».

Notre dossier sur le Bassin d’Arcachon

Une « autorisation spéciale » était alors délivrée par le ministère de l’Environnement pour la reconstruction des campings en site classé. A la suite d’un contrôle mené sur place par l’inspectrice générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), dépêchée pour évaluer la candidature de la dune du Pilat au label Grand Site de France, celle-ci notait dans un rapport de février 2024 que « dans l’instruction de ces dossiers, on a malheureusement confondu vitesse et précipitation ».