Du crash en Corée du Sud au « miracle d’Hudson », retour sur les accidents d’avion causés par des oiseaux
Si l’enquête devait le confirmer, le tragique crash de la Jeju Air survenu en Corée du Sud ce dimanche et dans lequel 179 personnes sont mortes, serait l’accident d’avion provoqué par une collision avec des oiseaux le plus mortel de l’histoire. Fréquence de ces rencontres, mortalité, historique, 20 Minutes revient sur ces chocs en altitude.
Les collisions oiseaux-avions sont-elles fréquentes ?
Il y a du trafic dans le ciel et les chocs entre les volatiles et les avions sont assez fréquents. Rien qu’en France, il y a chaque année 1.400 collisions avec des animaux notifiées à l’Autorité de l’aviation, d’après un rapport publié en 2023. Et parmi celle-ci, seules 6 % de ces rencontres en altitude sont jugées sérieuses et remettent directement en cause le déroulement des vols, complète ce rapport.
Aussi, leurs issues sont rarement mortelles : l’Australian Aviation Wildlife Hazard Group, une organisation dédiée à ce sujet, a ainsi recensé depuis 1988, et avant ce tragique crash de Corée du Sud, 262 morts liés à des collisions avions-oiseaux, ayant provoqué la destruction de 250 appareils, essentiellement de petites tailles. Le plus souvent donc, les dégâts sont essentiellement matériels avec un coût annuel de ces chocs évalué à 1,2 milliard de dollars.
Un premier choc dès 1905, un premier décès en 1912
Comme les marins heurtent depuis qu’ils sont en mer des objets flottants ou des mammifères, les pilotes entre en collisions avec des volatiles depuis le début de l’aviation. Ainsi le pionnier américain de l’aviation Orville Wright, connu pour avoir avec son frère Wilbur réalisé le premier vol motorisé de l’histoire en 1903, s’est confronté dès 1905 (ou 1908, les sources varient sur l’année) à ces rencontres aériennes peu plaisantes en heurtant un oiseau alors qu’il effectuait un vol circulaire au-dessus d’un champ de maïs de la ville de Dayton, dans l’Ohio. Une collision qu’il rapporte dans son journal daté du 7 septembre 1905.
Et si celle-ci est sans conséquence pour le pionnier de l’aviation, le premier décès de pilote consécutif à un choc avec un oiseau n’allait pas tarder. Nous sommes le 3 avril 1912, en Californie, lorsque le pilote Cal Rodgers, faisant une démonstration de vol au-dessus d’une plage, heurte une mouette qui endommage les câbles du système de contrôle de son biplan, détaille une publication de l’International Bird Strike Commitee. Il s’écrase et périt dans l’océan Pacifique, non loin de la plage. Cal Rodgers, le premier homme à avoir traversé par les airs les Etats-Unis, devient ainsi la première victime d’un crash d’avion provoqué par un oiseau.
15 septembre 1988, premier crash mortel d’ampleur
Un sévère avertissement sans conséquence s’était produit deux ans plus tôt, le 29 septembre 1986, sur l’aéroport de Madras en Inde. Ce jour-là, l’Airbus A300 qui devait gagner Bombay avec 196 personnes à bord s’élance sur la piste. Alors qu’il dépasse les 250 km/h et que le nez de l’avion commence à décoller, un premier, puis un second choc sur la droite de l’appareil provoque de violentes vibrations. Le pilote annule la manœuvre en catastrophe, son avion retombe au sol et subit de lourds dommages, mais seule une dizaine de passagers sont légèrement blessés. L’enquête identifiera l’oiseau responsable comme étant un milan noir, un volatile d’environ 700 grammes.
Deux ans plus tard donc, le 15 septembre 1988, le premier drame aérien d’ampleur sur un vol commercial provoqué par un choc avec des oiseaux se produit en Ethiopie. Peu après le décollage, un Boeing 737 traverse une nuée de pigeons qu’aspirent ses deux moteurs, provoquant leur surtension et leur perte de puissance. L’avion et ses 104 passagers s’écrasent violemment peu après et 35 personnes trouvent la mort.
En 2009, le « miracle d’Hudson » qui inspire Hollywood
L’amerrissage miraculeux sur le fleuve Hudson, à quelques encablures de New York, est sans doute une des histoires les plus célèbres de l’aviation moderne. Et si sa popularisation est largement due au film Sully, sorti en 2016 et réalisé par Clint Eastwood, cette incroyable histoire est d’abord l’exploit du pilote Chesley Burnett, qui parvient à sauver les 155 passagers de son Airbus A320.
L’appareil décolle à 15h25 de l’aéroport LaGuardia de New York le 15 janvier 2009. Deux minutes plus tard, alors qu’il se trouve en pleine montée à 859 mètres d’altitude, l’avion traverse une nuée de bernaches, perd la poussée de ses deux moteurs et émet un Mayday.
Jugeant son retour sur piste impossible, et préférant éviter un crash en zone habitée, Chesley Burnett, dit Sully, et son copilote Jeffrey Skiles, dirige son avion vers le fleuve Hudson pour tenter un amerrissage.
Cinq minutes après son décollage, l’Airbus A320 heurte les eaux du fleuve à une vitesse d’environ 200 km/h et parvient à se poser sans dégâts apparents. Déployés depuis les portes de l’avion, les toboggans de secours font office de flotteurs sur lesquels les passagers trouvent refuge alors que la température de l’eau est de 5 °C et celle de l’air de – 7 °C. Rapidement, des bateaux viennent secourir les rescapés pour ce qui est certainement le plus grand sauvetage après un crash aérien.