France

Dry January : Malgré la prise de conscience collective, les associations dénoncent le manque de soutien politique

Dans quelques jours débutera le mois de janvier, et avec lui une nouvelle tradition qui s’inscrit doucement dans la culture française, celle du Dry January. Une tradition pour le grand public mais pas pour nos dirigeants selon Bernard Basset, président de l’association Addictions France qu’il a déploré sur le site France Info Santé : « Cette nouvelle édition, la sixième, se déroulera à nouveau sans le soutien des pouvoirs publics. »

« Il y a un décalage entre la prise de conscience par l’opinion publique que l’alcool est une drogue […] et la classe politique », a-t-il précisé chez nos confrères de France Info ce mercredi en relevant également un « décalage entre les discours de la filière et la réalité des consommations de la population ».

Les consommateurs savent aujourd’hui « que l’alcool est une drogue »

Pour étayer ses propos, le médecin avance des chiffres donnés par ses collèges universitaires qui montrent « qu’il y avait 5 millions de Français qui avaient plus ou moins fait le défi », ou encore que la consommation quotidienne d’alcool des Français avait baissé de 13 % entre 2021 et 2023, selon le baromètre publié par l’Observatoire français des drogues.

Les consommateurs savent aujourd’hui « que l’alcool est une drogue, que l’alcool a des effets négatifs sur la santé en termes de cancers, de maladies cardiovasculaires… », même si certaines croyances positives perdurent comme celle qui veut que le vin protège du cancer. « Alors que c’est le contraire : il le favorise, notamment en ce qui concerne le cancer du sein chez les femmes », précise Bernard Basset dans son interview.

Un ministre de la Santé qui a souvent pris des positions en faveur de la filière

Le médecin cible peut-être le nouveau ministre de la Santé, Yannick Neuder, qui a déjà eu plusieurs propos polémiques au sujet de l’alcool qui avaient suscité de nombreuses réactions agacées d’addictologues et d’associations, et s’était opposé, alors qu’il était député de l’Isère, hausse générale des taxes sur l’alcool, lors de la première lecture du budget de la Sécurité sociale.

Chez nos confrères Bernard Basset s’agace également du « décalage », « entre les discours de la filière [de l’alcool] et la réalité des consommations de la population ». Selon lui, le lobby de l’alcool incite à consommer en présentant ses produits « comme un plaisir raffiné » : « Mais la plupart des gens boivent de l’alcool à faible qualité gustative. Tout le monde ne boit pas du château Petrus tous les jours ! », rappelle le médecin.

Toutefois, malgré ces décalages, Bernard Basset annonce que le « Dry January » à venir aura une « une identité et une tonalité joyeuse » pour continuer à mobiliser et donner une visibilité plus importante vis-à-vis du public : « En accord avec l’esprit qui l’anime : volontariste, mais pas normatif. Chacun le relève à sa mesure et surtout dans la bonne humeur. » Il insiste également sur l’idée de défi qui mobilise davantage les jeunes.