Dry January 2025 : Qu’est-ce que le Damp January, l’alternative plus souple qui permet quelques verres ?
Alors qu’a démarré le Dry January 2025, nous vous proposons de (re)lire cet article sur le sujet :
Trente et un jours sans boire la moindre goutte d’alcool. Comme chaque année, janvier est le mois des adeptes du Dry January. L’occasion de faire une pause dans leur consommation et de s’interroger sur leur rapport à l’alcool.
Mais un nouveau défi fait parler de lui en ce début d’année : le Damp January, qui consiste non pas à arrêter totalement de boire, mais seulement à réduire sa consommation. Mais peut-il vraiment être qualifié de défi si l’on s’autorise à boire ? Réduire momentanément sa consommation a-t-il un intérêt ?
En quoi consiste le Damp January ?
Si Dry January signifie « janvier sec », le Damp January, lui, peut se traduire par « janvier humide ». Il s’agit d’un Dry January pas trop dry, où il n’est pas question ici d’abstinence totale, mais d’une réduction par rapport à sa consommation habituelle d’alcool, en quantité, en fréquence, ou les deux.
En faisant le Damp January, on peut donc s’accorder quelques verres sans louper son challenge. Chacun décide de la manière dont il va vivre ce mois : il peut s’agir de ne boire qu’à des occasions particulières, un anniversaire, un mariage, de boire moins de verres qu’à l’accoutumée, ou encore de passer plusieurs jours d’affilée sans boire. Ou un mélange des trois. Le but, c’est simplement de boire moins.
Le Damp January a-t-il un intérêt ?
Parmi les soignants, cette alternative divise. « Le Damp January n’a aucun intérêt, estime le Dr Laurent Karila, psychiatre addictologue et auteur du podcast Addiktion, dont le dernier épisode aborde la dépendance à l’alcool. L’idée du Dry January est de faire un point sur sa consommation d’alcool, pas seulement de la réduire. Il s’agit de la stopper, sans injonction, et de voir comment on se sent. Dans cette optique, le Damp January n’a pas la vertu et l’impact d’un arrêt total momentané de consommation. J’y vois plutôt une entourloupe du lobby de l’alcool ».
Le Dr Dan Véléa, psychiatre addictologue, est moins catégorique. « Bien sûr, cela dépend de la réduction que l’on va pratiquer. Quelqu’un qui boit deux bouteilles de vin par jour et qui ne réduirait sa consommation que d’un verre, l’intérêt ne serait pas visible. En revanche, pour quelqu’un ayant consommation excessive, le fait de réduire et de prendre conscience de son rapport à l’alcool ne peut être que bénéfique, explique-t-il. En cela, l’avantage du Dry January et du Damp January est d’accompagner une prise de conscience sur les dangers de l’alcool et de donner une accroche pour trouver une solution : on peut essayer le Dry January, et si c’est trop dur, tenter son alternative. Il ne faut pas que ce soit perçu comme un échec si on ne s’y tient pas ». Le Damp January peut donner, poursuit le Dr Dan Véléa, une « base d’action pour la suite. C’est comme vouloir arrêter de fumer : certains peuvent, d’autres fonctionnent par palier, et si on offre à ceux-là la possibilité par exemple de réduire de moitié leur consommation, c’est déjà très bien ».
Le Damp January et le Dry January ont-ils des bienfaits communs ?
Pour le Dr Karila, consommation réduite et abstinence totale ne peuvent produire les mêmes effets. « Physiquement, Janvier sans alcool a des bénéfices concrets sur l’humeur, le moral, le poids, le sommeil et sur le bien-être général. Moralement, on découvre aussi sa capacité à savoir dire non, on retrouve une affirmation positive de soi, et on se dit que l’on peut retourner en soirée et être capable de ne pas dire oui tout de suite à un verre. Cet arrêt est un tremplin, qui étend ses bénéfices au-delà de janvier, parfois sur six mois : quand on s’y est tenu, on a envie de faire durer l’effort. Cela enclenche un réflexe vertueux de faire des pauses d’alcool plus fréquemment dans l’année ».
Mais « une réduction significative de sa consommation permet déjà de normaliser ses analyses sanguines et d’améliorer l’état de son foie », contraste le Dr Véléa. Plusieurs études, dont un publiée dans The Lancet, démontrent que cela a des effets bénéfiques sur la pression sanguine, le foie et la santé mentale, et permet de réduire les risques de cancer et de maladies cardiovasculaires. Alors, « si des gens qui ont une consommation excessive arrivent à la réduire, ou à décaler leur envie de boire ne serait-ce que d’une heure, c’est déjà une victoire ».
Un effort notable, mais pas suffisant pour le Dr Karila : « 22 % de Français ont une consommation excessive d’alcool, c’est beaucoup. Les recommandations de Santé publique France, c’est : pas plus de deux verres par jour, pas tous les jours, et pas plus de dix verres par semaine, et pas plus de quatre lors d’une fête. Donc le « Damp », c’est ce qu’il faudrait faire toute l’année ! »