France

Drone, sonar, hélico, plongeurs… On a assisté à un exercice de gendarmerie

Sa combinaison de plongée sur le dos et sa bouteille de nitrox à la main, Pierre-Michel Arcade sort de l’eau. Le chef d’escadron de la compagnie de gendarmerie fluviale franco-allemande vient d’aller vérifier les derniers détails de l’exercice. Tout doit être prêt pour 9 heures ce jeudi matin à la gravière de Holtzheim, à proximité de Strasbourg (Bas-Rhin).

C’est là qu’une cinquantaine de militaires et policiers venus de France, Allemagne et Suisse se sont donné rendez-vous pour une opération hors du commun. « Une première et une fierté », glisse le gradé en insistant sur la dimension transfrontalière de la manœuvre. « L’objectif est de faire travailler ensemble des techniciens pas habitués à la faire et qui devront donner satisfaction à un directeur d’enquête en cas de situation de crise. »

Les complices repérés !

Celle d’aujourd’hui est considérée comme « plausible » mais extrêmement rare dans le coin : le naufrage d’un voilier de neuf mètres dans le cadre d’un trafic de stupéfiants. Précisément, selon le scénario retenu, deux hommes, « suivis depuis plusieurs semaines », ont indiqué à leurs complices « à 4h12 du matin » que leur bateau – déjà enfoui dans ce spot de plongée – était en train de couler. « Le message Mayday Mayday a été capté par tous les postes », précise Pierre-Michel Arcade, parfaitement dans son rôle.

Au programme donc de la matinée, passage de sonars afin de repérer où l’embarcation a coulé, balisage, avant que plusieurs plongeurs n’interviennent sur place. Le tout avec surveillance d’un drone et d’équipes de sécurité et d’intervention « car on craint une opération subaquatique afin de récupérer la cargaison et faire disparaître des preuves ». Justement, deux hommes viennent d’être repérés sur la rive nord de la gravière. Ils tentent de prendre la fuite mais sont interpellés, « et maintenant auditionnés ».

Des prélèvements ADN sous l’eau

Pendant ce temps-là, des plongeurs du Bade-Wurtemberg sont déjà à l’œuvre par trente mètres de fond. Histoire de vérifier que le marqueur posé est au bon endroit. Ils sont bientôt relayés par un autre duo, français cette fois, venu « figer la scène ». C’est-à-dire prendre des photos, comme cela pourrait se pratiquer à terre. Ils ont notamment retrouvé deux corps (des mannequins hein !) et une arme de poing.

Et maintenant on ressort l’ensemble et on analyse à la surface ? Pas du tout. Les prélèvements ADN et d’empreintes sont effectués dans l’eau. « Car si on remonte n’importe quel objet, le ruissellement peut faire disparaître la moindre trace », précise un officier, coupé par un bruit sourd. C’est un hélicoptère qui arrive ! Il survole la zone avant de venir déposer un puis deux plongeurs. Question d’entraînement…

« Pablo Escobalt » interpellé

Quelques éléments seront bientôt extraits puis analysés. Le bateau, lui, restera au fond, pas très loin d’un petit avion qui a lui aussi été émergé pour les plaisirs des plongeurs amateurs. Mais au fait, où sont les stupéfiants ? De la résine de cannabis a été retrouvée à bord du voilier, pas les ballots d’herbes. Normal, ils flottaient et ont donc été repérés par l’équipe de dronistes.

Les forces de l’ordre ont désormais assez de preuves pour aller arrêter l’homme à la tête du réseau, un certain… « Pablo Escobalt » ! « Il sera interpellé à son domicile », promet Pierre-Michel Arcade, avant de filer au barbecue. Un autre rendez-vous transfrontalier de grande envergure.